D’après Eurostat, à l’échelle européenne en tout cas, le Covid n’a pas eu pour effet d’augmenter le nombre de pauvres. C’est tout le paradoxe des statistiques qui contredisent les expériences des associations et militants de terrain, notamment des banques alimentaires. Alors que ces derniers ont relevé une augmentation d’affluence pendant les premières vagues de Covid, l’institut de statistiques européen relaye l’exploitation de ses données par un programme européen baptisé ESPON dans son étude « géographie du Covid ».
« En 2019, une personne sur cinq, soit 21,1 % de la population, était menacée de pauvreté ou d’exclusion sociale au sein de l’UE, soit 92,4 millions de personnes (source Eurostat). Un chiffre qui a peu varié malgré la crise sanitaire. « Le nombre de personnes menacées de pauvreté ou d’exclusion sociale n’a pas augmenté de manière significative en Europe », soulignent les chercheurs. En moyenne, le pourcentage de personnes exposées au risque de pauvreté au sein de l’UE a même reculé de 1,21 % par rapport à la période pré-Covid, précise les auteurs du rapport. Cependant, les groupes sociaux les plus vulnérables sont plus touchés par « la mortalité, la perte d’emploi, la perte de revenus et la baisse du niveau d’apprentissage » » explique Eurostat par communiqué.
Mais à y regarder de plus près, on comprend que le covid n’a pas inversé une tendance globale. Lorsque l’on regarde pays par pays, on remarque que l’épidémie a tout de eu un impact certain. « Mais de fortes inégalités existent et dans certains pays, la pandémie de Covid-19 a entraîné une augmentation de la pauvreté. Le Royaume-Uni a par exemple enregistré la plus forte hausse du nombre de foyers ayant un revenu inférieur au seuil de risque de pauvreté, avec un taux de croissance estimé à 85,4 %. Viennent ensuite L’Islande (+ 32,6 %), l’Allemagne (+ 25 %) et la Lettonie (+ 9,9 %). A l’inverse, environ la moitié des États membres de l’UE ne présentent pas de différences particulières par rapport à 2019. En France, l’augmentation de la pauvreté est restée très limitée sur l’ensemble du territoire. Ainsi en 2020, 14,6 % de la population vivaient sous le seuil de pauvreté – soit 9,3 millions de personnes – comme en 2019 (source Insee « Estimation avancée du taux de pauvreté monétaire et des indicateurs d’inégalités », novembre 2021) » ajoute le texte.