Pourquoi avez-vous choisi d’écrire ce livre maintenant et quel est le message principal que vous souhaitez faire passer aux lecteurs ?
Le rôle de l’huissier et maintenant du commissaire de justice est totalement méconnu du public. En littérature, dans les médias, au cinéma, il est souvent caricaturé. Le commissaire de justice est un juriste de terrain qui est désarmé ou malhabile à plaider sa cause, à communiquer et à faire connaitre l’étendue de son expertise. Sa formation et le les règles du droit de l’exécution l’incitent à la discrétion. C’est un vide que j’ai essayé modestement de combler.
Comment votre livre contribue-t-il à démystifier la profession d’huissier de justice, souvent mal comprise par le grand public ?
Je crois de la manière la plus simple qui soit, c’est-à-dire comme un policier de base qui évoque ses affaires quotidiennes, comme une infirmière qui décrit le fonctionnement d’un service d’urgence. J’ai voulu témoigner de ce qu’est réellement sur le terrain l’exécution d’une décision rendue par le juge dans le décorum du palais de justice.
Pensez-vous que votre discours peut jouer un rôle dans le débat public sur les inégalités sociales et économiques de notre société contemporaine ?
Mon grand-père et mon père ont exercé mon métier. Ma fille l’exerce. C’est dire si j’ai vu évoluer les situations. Par exemple, je n’ai pas souvenir d’un seul témoignage de mon père faisant état des difficultés de la classe moyenne. À son époque, les huissiers ne poursuivaient que les mauvais payeurs patentés, c’est-à-dire les drogués de l’impayé (Emma BOVARY). En revanche, de nos jours, on assiste à un accroissement considérable des difficultés des commerçants, des artisans, des professions libérales. La France est le pays d’Europe occidentale le plus taxé : les dégâts en sont mesurés sur le terrain par les commissaires de justice. J’ignore si mon livre pourra changer quoi que soit dans cette dérive. Je ne me fais guère d’illusions.