Authenticité et introspection : le pouvoir du véritable moi

Comment transcender le superflu et toucher à l’essentiel dans un monde où le paraître domine ? C’est la réflexion proposée par Alain Taveneau, architecte de métier et commissaire enquêteur en environnement. Auteur du « Le petit livre vert » publié chez VA Éditions, Alain Taveneau nous invite à un voyage intérieur, prônant une sobriété éclairée et une consommation plus responsable. Un dialogue riche en introspections et en perspectives nouvelles.

Publié le
Lecture : 2 min
Authenticité et introspection : le pouvoir du véritable moi
Authenticité et introspection : le pouvoir du véritable moi | RSE Magazine

Comment la prise de conscience de l’inutilité du « paraître » peut-elle contribuer à une transformation sociétale vers une consommation plus responsable ?

Il nous faut choisir la sobriété librement, tout d’abord pour nous-mêmes. Remplacer le « paraître » par des valeurs spirituelles et intérieures ne peut être qu’une démarche individuelle choisie. Beaucoup ont déjà franchi le pas et montrent l’exemple sans ostentation, particulièrement chez les jeunes, dans le monde rural, les réseaux de consommation responsable ou bien dans l’engagement citoyen.

Vous mentionnez que l’attractivité du pouvoir est un piège qui nous éloigne de notre véritable moi. Comment envisagez-vous que nous puissions échapper à ce piège dans un monde où le pouvoir et le statut sont souvent valorisés ?

L’expression du pouvoir, dans la famille, l’entreprise ou dans n’importe quel groupe humain est véritablement un fléau qui entraîne de la souffrance chez l’autre. Détecter en nous-mêmes ce besoin de domination, cet égoïsme, cette condescendance nécessite une introspection sincère. Respecter fondamentalement l’autre, comme un être différent, unique et respectable est difficile. Il faut un certain courage pour aller à contre-courant du flot médiatique dominant.         
                                           
Personnellement, je garde à l’esprit que tout être humain, riche, pauvre, intelligent ou limité est confronté aux souffrances fondamentales et inévitables de la vie : la maladie, la vieillesse et la mort. La conscience aigüe que notre propre vie est éphémère nous pousse à interagir avec les autres dès aujourd’hui, de façon à n’avoir aucun regret. Dans cette réalité d’une vie limitée sur cette terre, pourquoi courir après la richesse, l’apparence physique ou le pouvoir ?

À votre avis, comment les éducateurs, les parents et les leaders d’opinion peuvent-ils guider la jeunesse vers une réalisation plus profonde de leur véritable moi et une consommation plus responsable ?

Nous pouvons apprendre des enfants et des jeunes, et nous développer grâce à eux.

C’est le changement de notre propre mode de pensée qui nous permet de nous améliorer. Cette révolution humaine individuelle, qui est un processus continu, modifie progressivement notre environnement, nos liens aux autres. Notre « petit moi » s’élargit ; nous découvrons en nous même le sens de notre vie, notre lien au monde, notre « grand moi ».

C’est notre propre exemple – que l’on soit éducateurs, responsables ou parents – qui se transmet d’une génération à une autre. La cellule familiale, même désunie, est fondamentale ; c’est la base. Lorsque le père est courageux, que la mère est forte et combative, les enfants observent et intègrent ces qualités. La réussite du jeune en développement ne dépend en aucun cas de la position sociale ou de la richesse. Bien entendu, chacun a un caractère différent et un chemin dans la vie qu’il doit découvrir par lui-même.

Concernant l’institution scolaire, j’ai personnellement une profonde gratitude envers les enseignants du lycée technique qui m’ont formé.

Quel rôle la jeunesse peut-elle jouer pour favoriser une culture de respect des autres en tant que fins en elles-mêmes et non comme des moyens ?

L’impératif catégorique du philosophe Emanuel Kant « Agis de telle sorte que tu traites toujours l’humanité en toi-même et en autrui comme une fin et jamais comme un moyen » exprime cette illusion qui consiste à exercer son pouvoir et sa violence, l’autre étant considéré comme un simple moyen pour arriver à nos fins égoïstes. Emanuel Kant nous exhorte à respecter tous les êtres humains, qui sont fondamentalement égaux.

Certains courent après le pouvoir et les honneurs jusqu’à la mort. La jeune génération est magnifique dans ses engagements et sa conscience aigüe des enjeux planétaires. Pour une famille comme pour une nation, c’est la jeunesse qui façonne l’avenir. Laissons aux jeunes toute leur place. Faisons-leur pleinement confiance !

Suivez-nous sur Google NewsRSE magazine - Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités.

Laisser un commentaire