Le processus de sélection naturelle des organisations
C’est donc l’environnement qui va sélectionner les variations internes des organisations qui correspondent le mieux aux demandes externes. Si les organisations sélectionnées ont la possibilité de survivre, elles sont néanmoins soumises à la concurrence avec les autres entités qui forment la population (activités et ressources semblables) à laquelle elles appartiennent.
La survie des organisations
En effet, les auteurs considèrent que les organisations ont généralement du mal à concevoir et mettre en œuvre des changements suffisamment rapides pour répondre aux demandes de l’environnement. La sélection naturelle va donc éliminer les entreprises les moins performantes. Cette école s’est donc intéressée aux taux de création et de disparition des organisations pour rendre compte de la diversité des populations d’organisations.
Pour Hannan et Freeman (1977), trois familles de variables jouent un rôle dans la probabilité de survie des organisations :
– les caractéristiques des organisations qui ne peuvent être changées, comme l’âge ou l’ordre d’entrée sur un marché (acteur pionnier, suiveurs, imitateurs…)…
– les variables extérieures aux organisations mais propres à l’environnement, comme le contexte politique, la situation économique, les liens institutionnels qui peuvent exister au moment de la création des entreprises.
– les caractéristiques de la population proprement dite en termes d’activités, de ressources, de densité, de nombre, de créations et de disparitions antérieures, d’intensité concurrentielle…
Conclusion
Le point fondamental de ce courant tient donc à l’unité d’analyse choisie : le niveau macro (population d’organisations) par rapport à la plupart des écoles qui s’intéressent plutôt au niveau micro (l’entreprise).
L’écologie des populations permet ainsi d’observer qu’au sein d’une population donnée, le changement se produit essentiellement par la disparition d’organisations et leur remplacement par d’autres plus en phase avec les variations de l’environnement. Selon cette perspective, l’adaptation des firmes existantes est donc limitée. La sélection par l’environnement des organisations prime sur leur capacité à s’adapter.
Pour aller plus loin
Aldrich, H.E., Using an ecological perspective to study organizational founding rates, Entrepreneurship Theory and Practice, 14, 3, 1990, p. 7–24.
Freeman J., “Ecological analysis of semi-conductor firm mortality”, in J.V. Singh (éd.), Organizational Evolution: New directions, Newbury Park, CA, Sage, 1990, p. 53-77.
Freeman J., Hannan M.T., “Niche width and the dynamics of organizational populations”, American Journal of Sociology, Vol. 88, N°6, 1983, p. 1115-1145.
Hannan M.T., Freeman J., “The population ecology of organizations”, American Journal of Sociology, Vol. 82, N°5, 1977, p. 929-964.
Hannan M.T., Freeman J., “Structural inertia and organizational change”, American Sociological Review, Vol. 49, N° 2, 1984 p. 149-164. Hannan M.T., Freeman J., “The ecology of organizational founding: American labor unions, 1836-1985”, American Journal of Sociology, Vol. 92, N°4, 1987, p. 910-943.
Hannan M.T., Freeman J., “The ecology of organizational mortality: American labor unions, 1836-1985”, American Journal of Sociology, Vol. 94, N°1, 1988, p. 25-52.
Hannan M.T., Freeman J. (1989), Organizational ecology, Cambridge, MA, Harvard University Press, 1989.
Charreire-Petit S., Huault I., Les grands auteurs en Management, Editions EMS, 2017.