A eux tous, ils représentent près de la moitié de la population mondiale, et pourtant aucun n’a la main sur la monnaie la plus influente de la planète. Alors que les sanctions américaines restent une arme déstabilisatrice pour les acteurs économiques ou politiques du monde entier, le sommet des BRICS du 22 au 24 aout à Johannesburg va se pencher sur des moyens pour sortir de leur dépendance au dollar.
Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud sont dans des situations économiques et politiques très différentes. S’il est évident que la Russie mais aussi la Chine sont les plus motivés du fait de leur rivalité ou opposition à Washington, les autres pays ont eux aussi des velléités d’indépendance économique. « Les chefs d’Etat présents – le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, ses homologues chinois, Xi Jinping, et brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, le premier ministre indien, Narendra Modi, et le ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov – évoqueront également l’élargissement de leur bloc à d’autres pays, notamment d’Afrique. Ces derniers mois, les sanctions occidentales imposées à la Russie – gel des réserves en dollars de la banque centrale, exclusion des banques russes du réseau international de communication interbancaire Swift, interdiction des importations de pétrole de Moscou… – ont relancé l’intérêt de nombreux pays émergents pour la « dédollarisation » » explique Le Monde.
« Depuis le début de la guerre en Ukraine, les initiatives pour réduire l’usage du billet vert se multiplient. La Russie vend désormais ses hydrocarbures à Pékin en renminbis. En janvier, elle a connecté son système de messagerie interbancaire à celui de l’Iran, permettant aux banques des deux pays d’échanger de l’argent sans passer par Swift. Au printemps, la Chine, qui développe elle aussi un concurrent à Swift (le China International Payment System, CIPS), a acheté du GNL aux Emirats arabes unis en yuans », poursuit le quotidien.
Depuis 2016, la part du dollar dans les banques centrales est passé de 65% à 59% a rapporté le FMI. En revanche 89% des transactions sur les marchés de devises, 60% des échanges commerciaux et 48,5% des obligations internationales. Une place forte donc et difficile à remettre en cause. « La Chine ne ménage pourtant pas ses efforts, depuis 2005, pour intensifier l’usage du yuan à l’international. Elle multiplie les accords d’échanges de devises avec d’autres banques centrales, comme celles de Malaisie, d’Argentine, du Nigeria ou encore de la zone euro. Elle développe une plate-forme de monnaie numérique avec Hongkong, la Thaïlande et les Emirats arabes unis, qui pourrait permettre de régler les paiements transfrontaliers sans intermédiaire, et sans passer par Swift, d’ici à la fin de l’année », analyse Le Monde.
Mais le dollar, bien qu’arme politique incontestée pour Washington, tient aussi sa force des institutions démocratiques du pays et d’une politique monétaire lisible. Ce qu’aucun BRICS ne pourrait assurer à l’heure actuelle, soit par manque de puissance économique soit par dérives autocratiques.