Depuis 2025, le monde de l’entreprise affronte une nouvelle menace : la note de frais frauduleuse créée par intelligence artificielle. Ce phénomène, amplifié par les progrès des générateurs d’images, bouscule les fondements de la comptabilité responsable. Si la fraude touche directement les finances, elle ébranle surtout la confiance interne.
Des IA utilisées pour créer de fausses notes de frais
Les outils d’intelligence artificielle capables de produire des reçus et factures réalistes bouleversent la gouvernance financière. D’après PYMNTS, plusieurs entreprises constatent déjà une multiplication de justificatifs falsifiés par IA dans leurs processus internes. Cette tendance inquiète les directions financières autant que les responsables RSE : la falsification devient un risque systémique.
Selon le Financial Times, 14 % des documents frauduleux analysés en septembre 2025 ont été créés à l’aide d’outils d’IA, contre presque aucun un an plus tôt. Ce glissement rapide démontre que la note de frais est devenue un nouveau terrain d’expérimentation pour la fraude automatisée. Pour les entreprises, ignorer cette réalité reviendrait à fragiliser leur trésorerie. D’autant qu’elle se généralise : selon Medius / PR Newswire, 42 % des salariés interrogés soupçonnent déjà un collègue d’avoir soumis une dépense falsifiée.
La transparence technologique comme pilier de la RSE
Les entreprises ne peuvent plus se contenter d’audits manuels. TechFinitive souligne que 32 % des comptables estiment qu’ils ne sauraient pas reconnaître une note de frais falsifiée par IA. Autrement dit, même les experts les mieux formés perdent leurs repères.
Comme l’explique SAP Concur Blog (16 octobre 2025), 55 % des directeurs financiers font désormais confiance à l’IA pour détecter les anomalies, mais 9 % savent que ces mêmes technologies servent parfois à contourner les règles. Cette ambivalence traduit un dilemme : comment adopter l’IA sans affaiblir la vigilance humaine ?
Par ailleurs, la transparence des processus financiers devient une attente sociale. Les investisseurs, auditeurs et partenaires exigent des preuves tangibles d’intégrité. Une politique de gestion des notes de frais responsable, fondée sur la traçabilité numérique, la sensibilisation du personnel et la certification des outils, devient un élément clé du reporting extra-financier.
Prévenir la fraude : l’éthique et la technologie main dans la main
Lutter contre les fausses notes de frais suppose une approche globale, où la technologie complète la culture d’entreprise. Première étape : former. La plupart des fraudes internes ne reposent pas sur un manque de règles, mais sur un déficit de sensibilisation. Les programmes RSE doivent inclure des sessions de prévention dédiées à la fraude numérique, au même titre que celles sur la protection des données ou la diversité.
Ensuite, il s’agit d’équiper. Les entreprises peuvent s’appuyer sur des solutions d’analyse alimentées par IA, capables d’identifier les anomalies statistiques ou visuelles dans les factures. Ces outils, déjà utilisés par AppZen ou Ramp, ont permis de détecter pour plus d’un million de dollars de documents suspects en trois mois, relaye le Financial Times. En parallèle, les contrôles humains doivent conserver un rôle central, notamment pour interpréter les alertes et garantir une décision éthique.








