Découverte inattendue sur l’île de Pâques : ce médicament a changé la médecine pour toujours

Saviez-vous que la rapamycine, découverte sur l’île de Pâques, pourrait révolutionner le traitement de maladies comme le cancer et même le vieillissement ?

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Découverte inattendue sur l’île de Pâques : ce médicament a changé la médecine pour toujours
Découverte inattendue sur l’île de Pâques : ce médicament a changé la médecine pour toujours | RSE Magazine

La rapamycine, découverte dans les années 1960 sur l’île de Pâques, a chamboulé le monde de la médecine grâce à ses nombreux usages. À l’origine, ce médicament servait à empêcher le rejet des greffes d’organes, et aujourd’hui, il est étudié pour traiter une grande variété de maux. Son parcours, depuis sa mise au jour jusqu’aux débats qu’il suscite sur le plan scientifique et éthique, nous éclaire sur la façon dont la recherche s’entremêle avec les questions de société.

Comment tout a commencé sur l’île de Pâques

En décembre 1964, une expédition scientifique baptisée Medical Expedition to Easter Island (Metei), cité par Le Point, a été lancée par des chercheurs canadiens, notamment Stanley Skoryna et Georges Nogrady. Avec l’appui logistique de la Marine royale canadienne et le financement de l’Organisation mondiale de la santé, ils avaient pour mission de comprendre comment une population isolée faisait face aux conditions difficiles. Pendant trois mois sur Rapa Nui (le nom que se donnent les autochtones), près d’un millier d’habitants ont subi des examens médicaux poussés. Les chercheurs ont aussi récolté plus de 200 échantillons de sol dont l’un contenait la bactérie Streptomyces hygroscopicus, qui est à l’origine de la rapamycine.

Des applications médicales multiples

À l’origine commercialisée sous le nom Rapamune en tant qu’immunosuppresseur, la rapamycine a permis de booster les taux de réussite des greffes d’organes en évitant leur rejet. Elle trouve aussi sa place dans le traitement des maladies coronariennes en améliorant le succès des stents implantés. Et ce n’est pas tout : ce médicament est employé pour combattre divers cancers et fait l’objet d’études pour son potentiel à lutter contre le diabète, les maladies neurodégénératives et même le vieillissement.

Polémiques et questions éthiques

L’expédition Metei n’a pas été sans soulever des interrogations sur le plan éthique. Certains reprochent à cette mission d’avoir usé de méthodes un peu forcées pour obtenir la participation des habitants, notamment en sollicitant l’aide d’un prêtre franciscain. Cette démarche est souvent évoquée comme un exemple de colonialisme scientifique. Des cadeaux et des fournitures ont été distribués pour inciter les autochtones à coopérer, ce qui a fait naître des interrogations sur les droits des populations locales et sur la biopiraterie. Malgré le succès commercial du médicament, le peuple Rapa Nui n’a perçu ni reconnaissance ni compensation financière.

Retombées scientifiques majeures

La rapamycine agit en bloquant une protéine clé appelée « cible de la kinase rapamycine » (TOR), qui joue un grand rôle dans la régulation de la croissance et du métabolisme cellulaire. Cette découverte a mené à la publication de plus de 59 000 articles scientifiques sur PubMed, et modifie divers processus biologiques importants, comme la synthèse des protéines et le fonctionnement de l’immunité.

Certaines entreprises pharmaceutiques commencent à reconnaître la valeur des savoirs autochtones en s’engageant à réinvestir dans les communautés où ces ressources naturelles sont découvertes. Des accords internationaux, tels que la Convention sur la diversité biologique (1992) et la Déclaration sur les droits des peuples autochtones (2007), ont été mis en place pour répondre à ces revendications.

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