La brasserie-distillerie Ninkasi devient entreprise à mission

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Ninkasi Entreprise Mission
La brasserie-distillerie Ninkasi devient entreprise à mission | RSE Magazine

Un changement statutaire, une ambition annoncée, un cap revendiqué. Derrière la formule séduisante d’« entreprise à mission », que cache réellement la mutation de Ninkasi, figure emblématique de la scène brassicole et festive lyonnaise ?

Ninkasi entreprise à mission : entre engagement proclamé et virage stratégique

Le 27 juin 2025, la brasserie-distillerie lyonnaise Ninkasi a officialisé un tournant majeur : elle deviendra, dès juillet 2025, une entreprise à mission, intégrant formellement sa « raison d’être » dans ses statuts. Cette nouvelle identité s’inscrit dans une trajectoire amorcée dès 1997 et accélérée depuis la Convention des Entreprises pour le Climat (CEC), à laquelle Ninkasi a participé en 2023. Mais au-delà de la rhétorique, quels changements réels pour cette PME devenue figure de proue d’un capitalisme prétendument régénératif ?

Une mission gravée dans le marbre : une stratégie RSE qui s’affiche

« Libres de brasser toutes les cultures : cultivons ce qui nous rend vivant et fêtons la diversité, autour de produits, lieux et expériences accessibles et respectueux de l’environnement. » Voilà la nouvelle boussole inscrite dans les statuts de l’entreprise. Accompagnée par l’agence MAOBI, spécialisée en innovation responsable, Ninkasi structure désormais sa gouvernance autour de quatre axes d’impact : proximité culturelle, production durable, inclusion RH, et mobilisation de l’écosystème.

Christophe Fargier, président-fondateur, assume cette mue stratégique : « Devenir entreprise à mission, c’est inscrire dans nos statuts notre ambition régénérative. Cela nous permet de pérenniser notre vision et d’accélérer notre transformation continue, avec l’appui d’un Comité de Mission engagé et compétent ».

Et ce comité, justement, se compose de profils extérieurs aux parcours affirmés : Sabine Bonnot (Planet-Score®), Fabien Figula Letort (AFL Diversity), Julien Vidal (2030 Glorieuses) ou encore Christophe Toni (Jazz à Vienne). Un casting hétérogène, auquel s’ajouteront un client et un salarié. L’indépendance du dispositif sera-t-elle plus qu’un trompe-l’œil ?

Ninkasi entreprise à mission : un vernis marketing ou une transformation mesurable ?

Les résultats revendiqués sont là. En matière environnementale, la marque affiche une baisse de 17,5% de ses émissions de GES depuis 2019, avec un objectif de -43% d’ici 2030. Son portefeuille boisson est à 78% noté A ou B par Planet-Score®, avec une ambition de 100% dans cinq ans. Quant aux achats, 88% sont réalisés en France, 99,8% en Europe. Enfin, selon le rapport In France 2025, 310 emplois à temps plein sont générés par l’activité de Ninkasi, dont 84 indirects et induits.

Mais ces chiffres, s’ils sont louables, suffisent-ils à faire de Ninkasi un modèle régénératif ? La question mérite d’être posée. Car l’extension de l’enseigne en franchise — notamment à Rennes et La Roche-sur-Yon — s’accompagne d’une logique de croissance qui interroge. D’autant plus que, comme le rappelle Christophe Fargier dans Au Cœur du CHR : « Ces établissements, ce sont des lieux d’évangélisation, comme des petits drapeaux qui peuvent activer de la distribution dans la zone ».

Brassage culturel, soit. Mais surtout brassage d’intérêts économiques bien compris.

Le storytelling de la mission, une raison d’être ?

On l’aura compris, devenir entreprise à mission n’est ni une étiquette anodine, ni un choix purement symbolique. Pour Ninkasi, c’est un levier de gouvernance, une réponse aux attentes sociétales, et surtout un outil de différenciation dans un secteur brassicole concurrentiel. Un pari risqué si les actes ne suivent pas. La mission ne vaut que si elle résiste à la tentation du greenwashing.

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