Amazon accélère sur les rails : la livraison par TGV démarre entre Lyon et Paris

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Amazon accélère sur les rails : la livraison par TGV démarre entre Lyon et Paris | RSE Magazine

Le 13 mai 2025, Amazon a officiellement inauguré un service de transport de colis par TGV en France, entre Lyon et Paris. Ce virage stratégique, mûri depuis fin 2024, marque une nouvelle étape dans l’évolution de la logistique du géant américain. L’objectif ? Réduire les émissions de CO₂, tout en garantissant aux clients des délais de livraison raccourcis. Un équilibre instable entre promesse verte et efficacité commerciale.

Un pari logistique ambitieux pour Amazon sur la ligne Lyon-Paris

Le dispositif lancé par Amazon avec Rail Logistics Europe, filiale de la SNCF, repose sur une utilisation ingénieuse des compartiments techniques inutilisés des TGV. À raison de deux allers-retours quotidiens, les trains embarquent chacun environ 1.000 colis depuis la gare de Lyon-Perrache jusqu’à Paris-Gare de Lyon. Cela représente quelque 500.000 colis attendus en 2025, une goutte d’eau dans l’océan logistique du groupe, mais un symbole fort.

« Pour la première fois, dans des TGV, nous faisons cohabiter voyageurs et marchandises à cette échelle », s’est félicité Daniel Lebreton, directeur général délégué chez VIIA, filiale de Rail Logistics Europe, dans un entretien à LSA Conso. Une cohabitation encore discrète, mais qui en dit long sur la stratégie du mastodonte du e-commerce.
Le temps de parcours est une autre donnée clé : 2h18 en moyenne contre huit heures en camion, auxquels s’ajoutent trente minutes de transfert électrique depuis les agences de tri. Un gain précieux pour permettre aux clients de commander plus tard dans la journée tout en bénéficiant de la livraison le lendemain.

Amazon et l’effet vitrine de la transition verte

Évidemment, difficile de ne pas y voir aussi un coup de communication savamment orchestré. Le rail pollue moins ? Amazon le sait. Et le dit. « Un train de marchandises émet en moyenne dix fois moins de CO₂ par kilomètre qu’un poids lourd, à masse transportée égale », affirme Olivier Pellegrini dans Capital. L’entreprise multiplie les chiffres : 25% de ses flux français seraient déjà ferroviaires. Ce pourcentage aurait doublé depuis 2022.

Mais il faut nuancer. Même à pleine capacité, cette ligne TGV ne couvrira qu’une fraction marginale de l’activité hexagonale d’Amazon. « C’est une solution minoritaire aujourd’hui, mais elle illustre notre volonté et la dynamique enclenchée », reconnaît Pellegrini dans LSA Conso. Et pour cause : Amazon livre plusieurs millions de colis par jour. Alors, engagement sincère ou greenwashing bien calibré ?

TGV + décarbonation : une équation gagnante ?

Le rail n’est pas qu’un moyen de transport, c’est devenu un argument marketing. À l’heure où chaque entreprise prétend « verdir son image », Amazon soigne la sienne avec un projet aux airs de vitrine écologique. Il faut dire que l’empreinte du transport de marchandises sur route reste un talon d’Achille logistique, tant en termes de pollution que de congestion urbaine.

Rail Logistics Europe, elle, revendique une stratégie RSE volontariste : le fret ferroviaire serait « neuf fois moins émetteur de CO₂ et consommerait six fois moins d’énergie que le transport routier », peut-on lire sur le site de l’entreprise. Objectif affiché : réduire de 30% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, tout en doublant la part du fret ferroviaire.

Amazon, quant à lui, n’hésite plus à assumer son virage intermodal. Plus de 500 lignes rail/maritime sont désormais intégrées dans son réseau européen, et la France devient un laboratoire grandeur nature pour cette transition.

Perspectives : Marseille, l’Allemagne et les lockers en gare

L’histoire ne fait que commencer. En 2026, Amazon prévoit déjà de doubler ses flux ferroviaires sur cette ligne et d’ouvrir une deuxième liaison, potentiellement vers Marseille. « Nous collaborons avec Amazon pour déterminer les itinéraires éligibles, comment augmenter la charge de colis par train et le nombre de départs par jour », a détaillé Daniel Lebreton à LSA Conso.

Une livraison directe depuis les gares est également envisagée. À Paris-Gare de Lyon, des casiers Amazon et un mini-centre logistique ont été installés, posant les jalons d’un futur où le dernier kilomètre se raccourcirait encore. Fini les entrepôts périphériques, place à une hyper-proximité ferroviaire. Une utopie pour l’instant. Un modèle demain ?

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