Sarah Knafo : « Alexandre & Aristote vise à trouver le bon livre au bon moment »

Haut-fonctionnaire à plein temps, Sarah Knafo n’en oublie pas pour autant sa fibre littéraire. Désireuse de partager sa passion du livre, elle a fondé l’association Alexandre & Aristote, avec son collègue et ami Alexandre Galien, auteur de romans policiers. Alexandre & Aristote est une plateforme gratuite et unique en son genre qui pourrait rendre la lecture beaucoup plus accessible et attractive.

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Sarah Knafo : "Alexandre & Aristote vise à trouver le bon livre au bon moment"
Sarah Knafo : « Alexandre & Aristote vise à trouver le bon livre au bon moment » | RSE Magazine

Qu’est-ce que la plateforme Alexandre & Aristote et comment est-elle née ?

Sarah : Tout a commencé à l’occasion du 1er confinement en mars 2020. Avec Alexandre, nous sommes tous deux enseignants à Sciences Po et nous avions à cœur d’aider nos élèves à traverser au mieux cette période difficile. Ils ont été nombreux à voir dans la lecture un moyen d’aller mieux, mais la plupart ne savait pas par quoi commencer, soit pour lire de belles histoires, soit pour renforcer leur culture politique, historique, juridique. Nous nous sommes alors aperçus qu’il n’existait pas de service numérique qui fournissait des recommandations personnalisées de lecture. Et puis nous ne souhaitions pas leur envoyer d’austères listes de lectures desquelles ils auraient pioché un ouvrage qui aurait pu les laisser indifférents ou même fortement déçus. La lecture est une expérience très personnelle et afin de les guider au mieux, nous avons pensé à un algorithme qui aiderait à trouver le bon ouvrage à lire et au bon moment.

Alexandre : Le fonctionnement est très simple. Il suffit de se rendre sur la plateforme et de répondre à quelques questions sur ses goûts, ses envies et ses connaissances littéraires. En quelques clics un ouvrage parmi 4 000 références est proposé. De la philosophie, à l’économie en passant par les œuvres classiques de la littérature française et étrangère, dix-sept grands domaines sont couverts avec toutes les nuances auxquelles on peut penser afin de plaire à tous et de proposer l’approfondissement ou la découverte de certains sujets. Les ouvrages référencés vont de Karl Marx à Jacques Bainville en passant par Judith Butler et Alain Finkielkraut. D’anciens ministres et avocats soutiennent le projet depuis ses débuts. C’est une force de sentir qu’un tel projet réunit au-delà des engagements et opinions politiques.

Qui sont les utilisateurs de cette plateforme ?

Alexandre : Aristote & Alexandre vise un public plutôt jeune, entre 16 ans et 25 ans, mais il peut aussi s’adresser à tous au regard de la qualité des références que nous proposons. L’objectif est de donner le goût de la lecture à des jeunes qui n’ont pas forcément développé un attrait majeur en la matière, mais il concerne aussi ceux qui aiment déjà lire et cherchent une nouvelle idée de lecture. Certains peuvent être intimidés par le contact avec un libraire ou un bibliothécaire. Ainsi, pour les pousser à passer la porte de ces lieux de savoir, il faut parfois un premier coup de pouce, une référence à partir de laquelle on déroulera une vie de lecteur ponctué des conseils précieux et formateurs d’un professionnel du livre. Ce que l’on propose, avec Alexandre & Aristote, c’est une première pierre qui donnera à notre utilisateur l’envie d’en apprendre plus. Si la vie d’un lecteur est une longue balade au sein du savoir, nous proposons de lui mettre le pied à l’étrier.

Sarah : La lecture n’est pas une activité ringarde et inutile. C’est une activité qui permet de se structurer, d’apprendre, de s’évader. C’est ce que notre nom décrit : Aristote était le précepteur d’Alexandre le Grand, et selon le mot du général De Gaulle « derrière toutes les victoires d’Alexandre, on retrouve toujours la pensée d’Aristote ». L’influence d’un livre ou d’un auteur peut être capital dans une vie. En donnant le goût de la lecture en s’assurant que chaque utilisateur trouvera le livre qui lui convient au moment adéquat constitue un grand pas vers la démocratisation de la lecture. Cette dernière ne doit pas être une activité qui se cantonne à la salle de classe ou à la préparation d’un examen. La lecture possède une puissance libératrice qui peut toucher tout le monde si d’aucun lit ce qui lui correspond. Lire un bon livre donne l’envie d’en prendre un autre puis un autre dans un élan qui peut durer toute une vie. Au fond, comme j’ai pu le dire par ailleurs, le drame de la lecture, c’est qu’on ne sait pas par quoi commencer.

Qu’attendez-vous du partenariat créé avec la commune du Blanc-Mesnil ?

Alexandre : Malgré sa jeunesse, l’aventure Aristote & Alexandre en est déjà à sa seconde phase. La plateforme répond à l’exigence première qui est de guider au mieux les lecteurs. Désormais, il est important que ces lecteurs puissent accéder facilement aux ouvrages proposés. C’est dans cette perspective qu’un partenariat a été conclu avec la ville du Blanc Mesnil. Grâce à notre partenariat, la ville du Blanc-Mesnil va offrir à sa médiathèque toutes les références que nous avons répertoriées sur notre plateforme afin de les proposer gratuitement aux habitants de la ville. Tous les blanc-mesnilois pourront alors profiter de ce service complémentaire qui ne substitue en rien au travail formidable réalisé par les acteurs culturels de la ville.

Sarah : De notre côté, ce partenariat nous est très précieux, d’abord parce qu’il nous met au contact d’acteurs du livres engagés qui nous ont déjà donné de très bons conseils. C’est grâce à eux que nous sommes en train de développer, grâce à l’aide de nos bénévoles, un service spécial pour les collégiens. Ensuite, en nous aidant financièrement, le Blanc-Mesnil nous permet d’améliorer notre outil. Jusqu’ici, le monde a travaillé de manière bénévole (et nous remercions d’ailleurs Léa, Swann, David, Pierre-Louis, Théo, Paul, Erik, Armand et Gabriël !), mais nous avons désormais besoin de pouvoir rémunérer notre développeur, qui est en train de préparer une nouvelle version de la plateforme qui permettra de faire des retours sur la première lecture et de proposer d’autres ouvrages en fonction de cette première expérience. Pour cela, chaque utilisateur disposera d’un compte personnel entièrement gratuit et naviguera plus au gré de ses envies et lectures.

Pourquoi avoir choisi cette commune pour cette première expérience de terrain ?

Sarah : Je suis originaire de Pavillons-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). J’ai voulu que cette aventure voie le jour dans le département où j’ai grandi et où la lecture peut être trop souvent perçue comme une activité inaccessible voire inutile. La démarche proposée a séduit la municipalité du Blanc-Mesnil et nous avons trouvé en son maire, Thierry Meignen, un interlocuteur enthousiaste qui croit en notre projet au service des habitants. Ce contact direct avec les (futurs) lecteurs est une nouvelle étape capitale dans le développement de notre projet.

Alexandre : Nous croyons sincèrement à la lecture comme référent de la jeunesse d’aujourd’hui et de demain. Il faut juste penser la manière d’y parvenir et Aristote & Alexandre peut être une réponse utile à des dizaines de milliers de personnes.
 

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5 réflexions au sujet de “Sarah Knafo : « Alexandre & Aristote vise à trouver le bon livre au bon moment »”

  1. Pas un mot sur le fait qu’elle est placée comme l’intermédiaire entre les droites dures et qu’elle est la conseillère politique pour la candidature d’Eric Zemmour ? Désolé cher magazine de la RSE, mais là, le « sociétale » pêche un peu ! On ne peut pas décoller les initiatives de la personnalité de ses porteurs.

    https://www.nouvelobs.com/politique/20210217.OBS40326/sarah-knafo-l-enarque-dans-l-ombre-d-eric-zemmour.html
    https://www.humanite.fr/sarah-knafo-reseauteuse-des-droites-extremes-dans-lombre-de-zemmour-700459

    Sans compter que l’association n’est pas du tout neutre dans ses orientations et clairement très à droite !

    https://actualitte.com/article/99015/bibliotheque/le-blanc-mesnil-la-mairie-accusee-de-faire-virer-les-bibliotheques-a-droite
    https://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/seine-saint-denis-dis-moi-qui-tu-es-je-te-dirai-quel-livre-lire-30-01-2021-8422141.php

  2. Commentaires précédents sexiste et militants …Pour une fois qu’une femme arrive en politique on veut la détruire avec des arguments qu’elle serait facho. Si vous lisez l’article du nouvel obs vous vous rendez compte que cette nana est plus complexe que vouloir la réduire à Zemmour. Marie France Garaud ou Vedrine, sauf erreur de ma part, ne sont pas des fascistes. Etre démocrate ne veut pas dire forcemment être de gauche. Vive la pluralité. Et après avoir recherché sur vos affirmations que cette assoce serait de droite, je n’ai rien trouvé sur ça à part des affirmations militantes des communistes pour une querelle politique municipale. Affligeant et consternant d’abborder la politique de cette manière.

  3. @Guillaume: procès d’intention. Vous connaissez les autres membres de l’association? Moi non et ceux qui apparaissent ne sont pas des personnalités publiques marquées en politique. Débile de villipender une initiative parce que quelqu’un ne correspond pas à sa couleur politique. S’il y avait un communiste au board on hurlerait au péril soviétique? Il faut juger du projet. Au moins cette association fait quelque chose. Je ne suis que que vous guillaume faites quelque chose pour la culture et la littérature. La critique est facile.

  4. Sur ce point précis, je me fous de l’obédience politique de Mme Knafo (même si par ailleurs je ne prendrais pas l’apéro avec elle).
    Par contre, force est de reconnaître que leur site est extraordinairement mal foutu et donne des résultats fantaisistes (quand il en donne !). Et pour ce qui est du conseil de lecture personnalisé, comme beaucoup l’ont fait remarquer, des libraires et des bibliothécaires font ça fort bien depuis la nuit des temps, donc sous prétexte de « déringardiser » la lecture, on ringardise ces corps de métiers qui la défendent au quotidien. Je ne suis pas anti-algorithmes, au contraire, mais là on est vraiment juste sur un coup de com’ bien fumeux, qui oblige en effet à se poser la question du but recherché…
    J’ajoute juste que des l’accueil du site, quatre choix sont proposés à l’aspirant lecteur : renforcer sa culture politique, réussir ses exams, lire de belles histoires, se cultiver tout simplement. Pourquoi la culture politique bénéficie-elle dès le début de cette mise en avant, par rapport aux cultures scientifiques, ou philosophiques, par exemple ? Difficile là au moins de ne pas voir un parti-pris…

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