Il offre des sandwichs invendus à un sans-abri… et se fait licencier

Imaginez être licencié pour avoir donné de la nourriture aux sans-abris.

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Licenciement pour distribution d’invendus à l’aéroport de Marseille : affaire qui fait jaser
Il offre des sandwichs invendus à un sans-abri… et se fait licencier | RSE Magazine

En mars dernier, l’aéroport Marseille-Provence, situé à Marignane, a été le décor d’une polémique qui secoue pas mal. Quatre employés, travaillant pour Starbucks et Prêt-à-Manger, se sont vu virer pour avoir remis gratuitement des invendus alimentaires à des sans-abris et au personnel de ménage. Cette décision a lancé le débat, tant sur la gestion de ces produits que sur les méthodes pratiquées par les entreprises.

Un décor qui en dit long

Parmi ceux qui ont été licenciés, on trouve Sabri, un vétéran avec 30 ans d’expérience chez SSP. Il travaillait comme garçon de comptoir et limonadier au Starbucks du Terminal 1. Chaque soir, vers 20 heures, à la fin de son service, il récupérait des produits périmés – notamment des sandwichs – pour les distribuer aux personnes démunies. Sabri affirme que sa hiérarchie était au courant, voire favorable, à cette pratique car cela permettait de réduire les frais d’élimination des invendus.

Les bénéficiaires en étaient surtout des sans-abris que Sabri côtoie régulièrement, ainsi que des employés de l’aéroport, comme les agents de sécurité et les femmes de ménage. Il insiste en disant : « Ma direction était au courant, le directeur opérationnel de l’aéroport aussi » (France 3.), en laissant entendre qu’il s’agissait d’une solution pratique.

Des suites judiciaires en perspective

Révoltés par ces licenciements, Sabri et ses trois collègues ont décidé de porter l’affaire devant les prud’hommes. Ils contestent vivement leur renvoi, arguant que leur patronat approuvait tacitement ces échanges, notamment en proposant parfois de la nourriture en échange de services non rémunérés. Pour sa part, SSP ne confirme pas avoir été informé de ces pratiques, tout en rappelant que la règle est formelle : il est interdit de repartir avec des marchandises destinées à être jetées.

L’avocat Yves Nicol, spécialisé en droit du travail au barreau de Lyon, explique : « Des cas comme ça, il y en a bien aux Prud’hommes » (20minutes). Il ajoute qu’un règlement intérieur prévoit généralement plusieurs niveaux de sanctions, allant d’un simple rappel à l’ordre jusqu’au licenciement pour faute grave.

Cette affaire soulève également la question du travail dissimulé, notamment si certains employés de ménage recevaient ces invendus en guise de paiement alternatif. Par ailleurs, même si la loi Garot oblige certains distributeurs à conclure des accords avec des associations pour leurs invendus, cette règle ne s’applique pas encore aux opérateurs présents dans l’aéroport.

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