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Laurent Méret, Directeur Matériel Roulant Bus de la RATP : "La RATP a la conviction que l'exemple donné par Paris sera suivi par de très nombreuses métropoles à travers le monde"

Grégoire Moreau
10/06/2014



En mars 2014, la RATP a signifié son intention de disposer d’un parc de bus 100 % électriques d’ici 2025. Laurent Méret, Directeur Matériel Roulant Bus pour la RATP explique les raisons de cette rupture radicale avec les usages en cours.



La RATP exploite déjà plusieurs petites lignes de bus électriques. Ici un Montmartrobus, des Gépébus fournis par PVI (sous licence Creative Commons)
La RATP exploite déjà plusieurs petites lignes de bus électriques. Ici un Montmartrobus, des Gépébus fournis par PVI (sous licence Creative Commons)

Quelles sont les motivations d'une telle volonté de changement ?

Laurent Méret : Tout d’abord, le Plan Bus 2025 s’inscrit dans une tradition d’innovation technologique sur ses réseaux (automatisation des lignes de métro, politique digitale d’information) et notamment pour le Bus. En effet, depuis de nombreuses années, la RATP a développé un savoir-faire tant dans l’exploitation que la maintenance de véhicules de technologies différentes (Aquazole, Diester, GNV, électriques depuis 2000…).
 
En outre, la RATP, entreprise responsable et engagée dans une politique volontariste de développement durable, s’est fixée l’ambitieux objectif de réduire de 15% sa consommation énergétique et ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020.
 
La RATP souhaite aujourd’hui accélérer la mutation de son parc, pour utiliser des matériels encore plus performants en matière d’émission de particules, de gaz à effet de serres et en matière de bruit.

Dans ce cadre, le plan « Bus 2025 » illustre parfaitement ce rôle extrêmement actif que nous entendons jouer en matière de transition écologique. 

Comment envisagez-vous la transition ?

La RATP exploite aujourd’hui 350 lignes de bus en Ile de France, avec un parc de 4500 véhicules. Elle a proposé une migration progressive de sa flotte d’autobus vers l’électrique, à l’horizon 2025. Nous conserverions toutefois des bus à gaz, utilisant du gaz renouvelable et non fossile, pour une part allant jusqu’à 20% de notre parc. Suivre les progrès technologiques du biogaz nous permet également  de disposer d’un bouquet de solutions techniques et ne pas nous enfermer dans une seule technologie.
 
La transition vers le tout électrique pourrait s’effectuer en 3 étapes :
  • le renforcement progressif, en accord avec le STIF, de la place des bus hybrides dans notre parc (environ 400 prévus d’ici 2016) ;
  • le lancement d’un appel d’offre, dès cette année, pour expérimenter des techniques existantes, ou pouvant exister, de bus 100% électriques, avec pour objectif final de disposer  de solutions très souples, soit clef en main, soit intégrables sur une carrosserie, soit sous forme de système électronique complet. A ce titre, nous allons lancer une coopération très étroite avec le Groupe EDF pour évaluer les différentes solutions de rechargement ;
  • la généralisation du mode tout électrique, avec des appels d’offre importants à partir de 2017 pour des mises en service vers 2019.

Quelles vont être les difficultés techniques et quelles sont les solutions industrielles qui s'offrent à vous ?

Les problématiques inhérentes à la technologie électrique concernent principalement le respect des contraintes des lignes RATP en matière d’autonomie et de capacité des véhicules, pour répondre aux besoins très importants des voyageurs qui sont d’ailleurs de plus en plus nombreux sur le réseau.

Il s’agit par ailleurs de disposer de dispositifs de recharge qui s’intègrent dans un environnement urbain dense et ne  perturbent pas le service rendu à nos clients.

Les batteries et le système de rechargement étant le point technologique le plus critique de ce projet, quelles solutions privilégiez vous pour l'instant ?

Aucune solution n’est, à ce jour, privilégiée. Les expérimentations menées par la RATP feront l’objet d’une évaluation et d’un suivi par le biais d’une plateforme de suivi électrique en partenariat avec EDF, afin de déterminer les solutions les plus pertinentes et pérennes, à l’aune des contraintes existantes.

Souhaitez-vous avoir un effet d’entraînement sur l'ensemble de la filière "électro-mobile" française ?

Nous préférons miser sur l’exemplarité : si Paris, qui est la première destination touristique au monde, décide  de s’équiper en tout électrique, nous avons la conviction que cet exemple sera suivi par de très nombreuses métropoles à travers le monde. Et la RATP deviendra ainsi le promoteur mondial de la ville tout électrique en matière de bus. C’est un signal fort envoyé à l’industrie. Nous faisons le pari que les industriels du secteur sauront répondre à  la nécessité de développer des solutions techniques adaptées et de voir le prix d’un bus électrique rejoindre le plus rapidement possible celui d’un bus diesel standard.

Retrouvez toutes les interviews de notre dossier spécial « Mobilité durable » :
Christine Revault d'Allonnes Bonnefoy, Présidente de Commission au STIF : "Nous ne pouvons plus assumer le coût environnemental et sanitaire du tout-diesel"
Christophe Gurtner, PDG de Forsee Power : "La solution de la propulsion 100 % électrique est devenu un choix économique rationnel et pertinent"
Philippe Grand  d'Iveco Bus : "Le renouvellement et l’élimination des véhicules les plus anciens et les plus polluants sont la première urgence"
Epvre Delquie, Directeur Commercial & Marketing de PVI : "La démarche engagée en Île-de-France dans le domaine des bus est extrêmement prometteuse pour la filière électromobile"






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