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Télétravail, l'an zéro.

Sébastien Bolle
11/05/2020



Depuis janvier, le nombre de français en télétravail serait passé de 28% à 40% (1) en quelques semaines…



Image Pexels
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Une sacrée croissance comme dirait le film du même nom, n’est-il pas ? Mais que s’est-il vraiment passé ? L’effet de la crise sanitaire seule ? Un besoin plus profond permis par la technologie ?

Mais au fait c’est quoi le « télétravail » ? Quels en sont les avantages, les risques, les freins, les actions et les enjeux, économiques, sociaux, environnementaux, sociétaux et de gouvernance ?
Vous l’aurez tous compris, ce mode de travail du 21e siècle est bel et bien un sujet RSE et je me propose de vous en faire une lecture.

Une rapide définition

Le télétravail tel que défini par le gouvernement, date du début des années 2000 avec la démocratisation des outils de communication modernes, fiables et rapides. L’état français le définit comme « une forme d'organisation du travail dans laquelle un travail qui aurait également pu être exécuté dans les locaux de l'employeur est effectué par un salarié hors de ces locaux de façon volontaire. » (2) 

Il s’applique en théorie à toutes les catégories professionnelles, mais vous comprendrez bien qu’un agriculteur, un chirurgien ou bien un boucher ne peut entrer dans ce schéma.

Pourquoi s’en priver … ?

D’autant plus que les intérêts sont nombreux, et cela même hors période de crise sanitaire. Le plus important est de bien le cadrer afin d’être acteur de ce nouveau mode (monde) et non spectateur des effets désirables, et indésirables quand il y en a. Le télétravailleur, qui a les mêmes droits que le salarié qui exécute son travail dans les locaux de l'entreprise, permet à l’employeur de profiter des avantages suivants :
-      Un Accroissement de la production et de la productivité moyenne de 12% (3) par une meilleure concentration principalement.
-      Une économie sur les locaux et les dépenses courantes (en moyenne 30% des surfaces)
-      Une amélioration de la qualité de vie de ses salariés, un accroissement de leur motivation et de leur implication qui par rebond participera à une baisse de l'absentéisme et du turn-over.

Quand on sait que l’absentéisme coûte 107,9 milliards € aux entreprises, cela fait réfléchir bien évidement (4). Ce coût de 3521 € par an et par salarié dans le privé vaut bien le coup que l’on y pense de façon sérieuse même s’il y a un investissement dans les outils numériques, ne nous le cachons pas.

Pour les salariés, le télétravail permet des économies de temps de vie, notamment celui passé dans les transports, une meilleure gestion du temps, une plus grande agilité entre la vie personnelle et la vie professionnelle.
C’est d’ailleurs le premier avantage capté par les nouveaux utilisateurs. « Je peux travailler et être productif sans faire de trajet ? sans bouchon ? ». Quand on sait que sur la moyenne des salariés français, on passe plus de temps dans les bouchons qu’en vacances (5), ça donne à réfléchir. Nous sommes également ici dans le pilier environnemental de la RSE avec l’impact carbone qui en découle, les chargé(e)s de mission RSE des structures sauront l’utiliser à bon escient.

Pour autant, cette nouvelle façon de travailler pourrait faire oublier que comme pour tout ajustement d’une partie d’un contrat de travail, il y a des obligations et des devoirs pour chacune des parties prenantes.

Et les freins ?

Dans les principaux freins connus nous avons celui de l’image.
L’image du salarié en ‘remote’ le mercredi devant la télé, pour garder les enfants, serait une évidence. Même si, nous l’avons vu avec la crise sanitaire actuelle, les choses ne sont pas si simples et les différents acteurs de l’éducation crient haut et fort « ce n’est pas un mode de garde » (6) . La question est posée et génère des idées reçues qu’il faudra casser par un dialogue de qualité.

Toutes ces projections, stigmatisations nous montrent avant tout que le sujet n’a pas atteint son niveau de maturité final, même si le covid19 jouera un rôle majeur d’accélération de la société sur le sujet. Il est à parier qu’il y aura bien un avant et un après crise sanitaire.

Dans les autres freins, nous pourrions lister la sécurité informatique, la peur de l’inconnu et j’en passe, mais un qui revient régulièrement est celui du « lâcher prise »…. Bilatéral… Expliquer à une ligne de management qu’elle n’aura pas la main sur les collaborateurs, collaboratrices « comme avant » mériterait bien un stage de méditation de pleine conscience, vous en conviendrez.

La confiance va devoir changer, évoluer, se renforcer. L’autonomie va devoir se structurer et suivre une feuille de route. Et tout cela doit s’apprendre. Il est évident que l’acculturation de toutes les parties prenantes sur la thématique est la pierre angulaire de la réussite du projet.

Pourquoi ? Par ce que tout le monde n’est pas égal devant le fait de se retrouver seul ou avec sa famille proche …. au travail. Il n’est pas si simple d’expliquer à sa femme, son mari, son enfant que l’on est là, mais que l’on n’est pas là. Tout cela peut générer des situations de stress et l’on peut vite avoir l’effet inverse de celui recherché.

Heureusement les acteurs clés de la santé ont déjà posé leur regard d’experts et guident les entreprises, les salariés sur les bonnes pistes afin d’éviter les syndromes d’épuisement. Je pense principalement à l’ANACT (7). Ils proposent des solutions, guides et accompagnements principalement gratuits. Pourquoi s’en priver ?

En tout cas, on pourrait quasiment dire que nous sommes à l’an zéro de cette thématique et le positif est qu’il y aura encore beaucoup d’innovations à faire pour trouver les meilleures conditions, dans les différents contextes d’entreprises. « L’heure de vérité a sonné pour les entreprises », c’est indéniable. Il faut maintenant tous y trouver nos marques et nous réinventer….en mode RSE.

(1) https://www.laprovence.com/article/hub-rse-developpement-durable/5956825/la-voie-du-lab-rse-innovation-le-confinement-accelerateur-naturel-du-passage-au-te
(2) https://www.economie.gouv.fr/entreprises/teletravail
(3) https://www.entreprises.gouv.fr/files/files/directions_services/cns/ressources/Teletravail_Rapport_du_ministere_de_Mai2012.pdf
(4) http://www.leparisien.fr/economie/l-absenteisme-au-travail-coute-pres-de-108-milliards-d-euros-par-an-21-11-2018-7949124.php
(5) https://urbanismecirculaire.fr/  manifeste pour un urbanisme circulaire Sylvain GRISOT page 43
(6) https://www.francebleu.fr/infos/societe/coronavirus-le-teletravail-n-est-pas-un-mode-de-garde-selon-la-fcpe-du-pays-basque-1584096960
(7) https://www.anact.fr/teletravail-les-enjeux

 






1.Posté par ophélie le 16/05/2020 12:37
attention ! le télétravail nécessite une préparation et un accompagnement ! : dans le confinement actuel, pour beaucoup, ce n'est pas à proprement parler de télétravail, mais de travail à domicile en mode dégradé ! il faut prendre en compte l’inadaptation du matériel de télétravail ou du bureau à domicile qui peut engendrer des risques physiques (musculo-squelettiques, visuels, électriques...) liés à leur mauvaise ergonomie ou à une installation défectueuse, des risques psychologiques sont aussi importants : perte des limites entre vie professionnelle et privée ! : "La prévention des risques du télétravail" : http://www.officiel-prevention.com/formation/fiches-metier/detail_dossier_CHSCT.php?rub=89&ssrub=206&dossid=489

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