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Réduction des pesticides : des producteurs kenyans séduits par les filets anti-insectes

Sébastien Arnaud
30/11/2017



Dans le cadre de la réduction de l'usage de pesticides, des petits producteurs kenyans sont de plus en plus séduits par l'usage des filets anti-insectes.



Source : Pixabay, image libre de droits
Source : Pixabay, image libre de droits
Le projet BioNetAgro avait prouvé l'efficacité des filets anti-insectes pour réduire considérablement l'usage de pesticides dans les cultures maraichères d'Afrique subsaharienne. Le second volet, BioNetAgro 2, s'est concentré sur l'amélioration et le transfert de l'innovation.

Au départ, l'objectif du filet visait principalement la protection des cultures contre les ravageurs, mais au fil des expérimentations, on a vu se multiplier les effets collatéraux positifs!» se souvient Thibaud Martin, entomologiste au Cirad et coordinateur des projets BioNetAgro. Couvrant les cultures, les filets atténuent les excès climatiques comme une chaleur élevée, de fortes pluies, un vent violent ou les écarts de températures journalières en altitude. C'est d'ailleurs ces impacts-là qui ont le plus convaincu les agriculteurs impliqués dans BioNetAgro 2.

L'objectif de ce second volet du projet BioNetAgro, financé par le département horticole de l'USAID (Horticulture Innovation Lab) et le Cirad, était d'évaluer l'adaptation de cette technologie aux conditions climatiques tropicales d'altitude et son adoption par des petits producteurs kenyans. Il s'agissait aussi de calculer les coûts, les bénéfices et la viabilité socio-économique de l'investissement avec une rotation de cultures sous filet au cours d'une année.

Des tunnels couverts de filets, appelés Net-Houses, sont mis en place en début d'année chez trente petits producteurs dans cinq provinces du Kenya. Trois cultures à forte valeur ajoutée sont testées : tomate, haricot vert et chou. Malgré des conditions climatiques difficiles liées à la sécheresse, tous les agriculteurs ont amélioré leur rendement tout comme la qualité des légumes commercialisables provenant des tunnels anti-insectes, en comparaison des cultures témoins en plein champ. Et cela, en réduisant de 70 %, voire totalement, le recours aux pesticides.

Les filets modifient le microclimat autour de la plante. Leur utilisation implique donc d'apprendre aux agriculteurs de nouvelles techniques adaptées à ces conditions. Pour Thibaud Martin, «la culture sous filet permet une réelle intensification écologique». Son association avec l'irrigation au goutte à goutte améliore la productivité, réduit les besoins en eau et le temps de travail. De plus, la Net-House autorise la culture de variétés de tomates indéterminées à rendements élevés et offre ainsi un retour sur investissement plus rapide. Ce point est un facteur crucial pour les petits agriculteurs qui possèdent généralement des capacités de financement très limitées.
 

Des biopesticides plus efficaces

Les scientifiques sont actuellement en train d'approfondir la complémentarité, et parfois même la synergie, des filets anti-insectes avec d'autres méthodes agro-écologiques. Par exemple, les Net-Houses améliorent considérablement l'efficacité d'une catégorie de biopesticides : les champignons entomopathogènes. Ils présentent l'avantage d'être très sélectifs et de ne cibler qu'une espèce spécifique d'insecte ravageur. Ces champignons ne sont pas toxiques, ni pour l'environnement, ni pour l'homme.

En revanche, ils sont très sensibles aux UV et au vent et sont donc beaucoup plus actifs sous les filets qu'en plein champ. En parallèle de leur équipe pluridisciplinaire, les chercheurs travaillent avec la société MicroFinanza pour déterminer des outils comme le microcrédit qui permettront aux petits producteurs d'investir.

Thibaud Martin est optimiste : «une agricultrice impliquée dans le projet a récemment acheté un second filet sur ses fonds propres, le message est passé!» Une question de santé publique En zone tropicale, d'importantes quantités d'insecticides sont utilisées pour protéger les cultures maraîchères.

L'impact négatif de ces produits sur la santé humaine et sur l'environnement n'est plus à démontrer, mais une conséquence indirecte est moins connue : ces traitements contribuent au développement de résistances chez les ravageurs, mais aussi parmi les moustiques vecteurs de nombreuses maladies, notamment le paludisme.

our Thibaud Martin, «étant donné l'usage massif d'insecticides actuel, on ne peut que s'alarmer de l'avenir quand on sait que la population africaine va doubler dans les prochaines décennies. Il est impératif de trouver des alternatives aux produits phytosanitaires dans les régions tropicales! »






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