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Quel « monde d’après » pour les entreprises ?

La Rédaction
05/06/2020



Alors que la crise sanitaire semble marquer le pas, c’est désormais la crise économique qui est dans toutes les têtes. La mise à l’arrêt de l’appareil productif ces dernières semaines, sur quasiment l’ensemble du globe, aura de lourdes conséquences sur nos entreprises. Mais celles-ci doivent aussi trouver un nouveau modèle de croissance, plus soucieux de l’impact de leur activité sur l’ensemble de la société.



Pexels
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Hasard du calendrier : il y a exactement un an, au printemps 2019, le Parlement adoptait la loi Pacte défendue par le gouvernement. Un vote marqué à l’époque par d’intenses débats sur le rôle de l’entreprise dans la société au niveau social ou environnemental. A l’issue du travail parlementaire, de nouvelles dispositions avaient été adoptées pour renforcer la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Trois piliers avaient alors été mis sur pied.  

Le texte législatif prévoyait trois niveaux d'implication, de la simple prise en compte par les entreprises de l'impact social et environnemental de leur activité à la création d'un statut « entreprise à mission », en passant par l'adoption d'une « raison d'être », soit un « projet entrepreneurial répondant à un intérêt collectif et qui donne sens à l'action de l'ensemble des collaborateurs » selon la loi.
« Une entreprise qui pratique la RSE, comme le résume  le site Novethic, va chercher à avoir un impact positif sur la société, à respecter l'environnement tout en étant économiquement viable. »

Un an après, la crise liée au Covid-19 offre un éclairage particulier sur ces mesures. Jusqu'à présent, les entreprises étaient plutôt timorées dans leurs engagements. Peu d'entre elles avaient indiqué leur souhait de faire évoluer leur structure en « entreprise à mission » – dont l'objet n'est pas uniquement la seule performance financière –, en s'engageant dans des missions d'intérêt social, scientifique ou environnemental par exemple.

D’ailleurs, avant la crise sanitaire, c'est surtout la réflexion écologique, la transition énergétique se déroulant au plan national, qui avait motivé l'évolution législative concernant la RSE. Mais depuis quelques semaines, la donne a changé et cette réflexion s'est globalisée. Aux enjeux environnementaux se mêlent les implications à l’égard de l’ensemble de la société française. L’épidémie et le confinement ont souligné à quel point les entreprises, quelle que soit leur taille, pouvaient jouer un rôle décisif à l’égard du reste du tissu social.

Le monde d’après

Les entreprises répondront-elles aux appels au changement ? Le 20 mai dernier, Danone annonçait se préparer à faire voter ses actionnaires, lors de l’assemblée générale qui se tiendra le 26 juin prochain, son nouveau statut « d’entreprise à mission ». « Une étape logique et naturelle » pour son PDG Emmanuel Faber, qui estime que « nous sommes dans un moment charnière où la conduite ‘normale’ des affaires n’aura plus, pendant longtemps, la même signification. » Danone deviendrait ainsi la première structure cotée en Bourse à faire ce choix. Son nouveau credo ? Une communication ouverte et publique sur ses choix stratégiques de développement : produits plus sains, accentuation des dispositifs destinés à la préservation des ressources naturelles, et implication plus importante des salariés dans les choix de l'entreprise.

Déjà dans les années 1970, l’entreprise s’illustrait en proposant un modèle de croissance responsable et solidaire. Une petite musique révolutionnaire pour l’époque aujourd’hui revendiquée par la direction de l’entreprise et en particulier son PDG. Et le groupe espère aujourd’hui s’ériger en chef de file.

Car les bonnes volontés ne manquent pas. Dans une lettre  ouverte datée du 14 avril dernier, des dizaines de responsables d'autres entreprises, dont certaines cotées en Bourse, appelaient à tirer profit de la crise sanitaire et appuyer ainsi la « relance verte », seul moyen selon eux de redémarrer l'économie française tout en pensant en termes de développement durable. « La transformation vers une économie neutre en carbone, des systèmes agricoles plus durables et la protection de la biodiversité ont le potentiel pour créer rapidement des emplois, de la prospérité et améliorer la qualité de vie des citoyens. C'est ainsi que nous construirons des sociétés plus résilientes » ont-ils estimé dans leur lettre, également signée par plusieurs responsables politiques européens.

Et si le « monde d'après » devenait enfin responsable et vert, voire vertueux ? Et si les entreprises intégraient d’avantage certaines obligations RSE dans leur fonctionnement ? « Les crises sont traditionnellement accélératrices de tendances. Celles amorcées en faveur des circuits courts, de l'achat direct aux producteurs et du bio, ne devraient pas faire exception », veut croire  le site Novethic. La preuve : « Dès le début de la crise, les Français se sont rués sur les produits réputés sains ». Face à la crise, les consommateurs ont donc fait le choix du responsable et du solidaire. L’occasion rêvée pour les entreprises de transformer elles aussi leur modèle de développement. 
 

 






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