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Le rationnement énergétique, levier géopolitique et stratégique

Sébastien Arnaud
14/03/2022



Alors que la Russie est consciente de sa force et de la dépendance de l’UE à ses hydrocarbures, la possibilité d’instaurer des rationnements énergétiques ne doit pas être exclue.



Creative Commons - Pixabay
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Aux grands maux, les grands moyens. Alors que l’Ukraine est en proie à la guerre et que l’Union européenne et le France multiplient les décisions économiques contraignantes avec des conséquences directes pour la richesse européenne, la question des hydrocarbures doit être traitée frontalement. Face à la dépendance de la plupart des pays européens au gaz et pétrole russes, des mesures efficaces s’imposent avant le prochain hiver. « Le mot est tabou. Trop connoté aux tickets de rationnement de la Seconde Guerre mondiale dont nous ont parlé nos grands-mères. C’est si loin : ils ont été supprimés en 1949. Et tellement contraire à l’abondance virtuelle, l’alpha et l’oméga de notre société numérique où tout est disponible ad libitum, ici et maintenant, sur un simple clic. Pourtant, face aux pénuries physiques qui menacent, n’est-ce pas la raison même ? Ratio, ration, rationnel, rationnement… Celui-ci n’est d’ailleurs pas forcément autoritaire. Il peut être tout à fait volontaire. Libre à chacun d’abaisser le thermostat de son appartement » commence Le Figaro dans un édito qui évoque le rationnement comme une solution possible.

« Question d’habitude, les Français de 2022 attendent plus de l’État des chèques que des tickets de rationnement pour renforcer leur «résilience», selon le terme cucul la praline choisi par l’exécutif. Pourtant s’amorce curieusement une convergence inhabituelle entre milieux industriels et associations écologistes: les uns et les autres suggèrent des mesures jouant sur les quantités physiques au lieu de laisser les prix réguler seuls la demande. En tant que président de l’Uniden, groupe de 55 entreprises énergivores (d’Air liquide à la SNCF), Nicolas de Warren, propose non pas «de rationner uniformément toutes les usines, certaines pouvant être ralenties car elles sont un peu moins contributives à la valeur ajoutée et à l’exportation», mais «d’appeler les Français et les entreprises à rationaliser leur consommation». Dans un autre registre, l’ONG Association négaWatt calcule «qu’une baisse de la vitesse de 5 à 10 kilomètres heures sur les routes et une réduction de 10 % du kilométrage annuel de chacun permettrait d’économiser la totalité des importations de pétrole russe» » note le quotidien.
 
Demander, et imposer, à la population des petites pertes de conforts ou contraintes pour avoir plus de leviers dans le rapport de force n’a rien d’inacceptable. D’autant que sans ces derniers, les logiques économiques prendront le dessus avec une augmentation des prix fulgurante.






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