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La fonte des hydrates de méthane en Mer Noire pose question

27/03/2018



Un article, publié le 9 janvier dans Nature Communications, montre que les hydrates de méthane présents en mer Noire sont en train de fondre à cause de la diffusion du sel dans les sédiments. Cette dissociation pourrait libérer de grandes quantités de méthane dans la colonne d'eau et potentiellement dans l'atmosphère, augmentant les risques d'avalanches sous-marines et l'acidification de la mer Noire. Pour la première fois, les résultats démontrent l'importance de l'évolution de salinité de cette mer, qui est l'une des plus isolées du monde, sur la stabilité des hydrates de gaz. Selon les calculs des chercheurs de l'Ifremer et de GeoEcoMar (institut national roumain de géologie marine), une zone de 2 800 km2 serait concernée.



Source : Pixabay, image libre de droits
Source : Pixabay, image libre de droits
Les hydrates de méthane ont l'apparence et la consistance de la glace. Ce sont des molécules de gaz enfermées dans une cage d'eau. Dans la nature, ils sont stables sous certaines conditions de température et de pression. Nous les trouvons à terre, dans les régions proches des zones arctiques (permafrost), et en mer sur toutes les marges continentales. Ils représentent un risque à deux niveaux. D'une part au niveau du climat. Le méthane est un gaz à fort effet de serre (25 fois supérieur à celui du CO2), ayant donc un impact sur le changement climatique s'il se libère dans l'atmosphère. Inversement, le changement climatique induit un réchauffement des eaux du globe qui déstabilise les hydrates de méthane. D'autre part, la déstabilisation des hydrates de méthane peut générer des glissements de terrain sous-marins importants se traduisant par un risque de tsunami.
 

La mer Noire, un ancien lac

Jusqu'ici, seule la déstabilisation des hydrates causée par des changements de température et de pression (variation du niveau des océans par exemple) avait pu être observée sur le terrain par les scientifiques. « L'impact des changements de salinité était connu en laboratoire, mais n'avait jamais été démontré sur site », explique Vincent Riboulot, chercheur en géosciences marines à l'Ifremer. Les résultats publiés dans Nature Communications montrent que la mer Noire peut être considérée comme le premier chantier naturel permettant de surveiller en direct l'effet de la variation de salinité sur les hydrates de méthane.
Ce phénomène s'explique par son histoire géologique récente et par son lien à la mer Méditerranée via le détroit du Bosphore (profondeur moyenne de 35 m). Depuis plus de 800 000 ans, les variations globales du niveau marin, qui ont pu atteindre jusqu'à -120 m durant les phases glaciaires, sont à l'origine de plusieurs phases successives de connexion/déconnexion entre la mer Noire et la mer Méditerranée. Ainsi, la mer Noire fut tantôt un lac d'eau douce, tantôt une mer isolée d'eau salée.
Depuis la dernière reconnexion entre la mer Noire et la mer Méditerranée il y a 9 000 ans, la mer Noire qui était un lac d'eau douce s'est re-salinisée. Sa salinité a ainsi été multipliée par dix, passant de 2 à environ 22 g/L. Elle est maintenant stable depuis 2500 ans avec une concentration un peu supérieure à la moitié de celle de la mer Méditerranée (environ 39 g/L).






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