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La RSE, c'est (bien) parti !

Francis Coulon
10/02/2023



En 2023, une des questions que l’on peut se poser est la suivante : La RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) est-elle une réalité au sein des entreprises françaises ou est-ce plutôt de la communication, du green washing ?



La RSE, c'est (bien) parti !
Il semblerait normal que la RSE soit effective auprès des 287 Grandes Entreprises et des 5951 ETI françaises, et que ce ne soit pas encore vraiment le cas des PME et Microentreprises qui représentent 98 % du nombre d’entreprises. Si cela était déjà positif pour les deux premières catégories, ce serait déjà un grand pas en avant, car elles représentent 57 % de la Valeur ajoutée et 54 % des salariés du secteur marchand.
 
Dans ce domaine, le cadre législatif a été renforcé. C’est ainsi que le Parlement européen a défini en 2022 une directive en matière de reporting extra-financier (CSRD). Elle concernera en 2026 les entreprises cotées et les entreprises de plus de 250 salariés, donc une large part des PME. Par ailleurs, la France a adopté la loi climat le 22 août 2021, en vue de lutter contre le dérèglement climatique.
 
Comment cela se passe-t-il dans les entreprises ?
 
Au-delà du respect des aspects réglementaires, pour que la RSE soit effective, il faut que deux conditions soient remplies :
Premièrement, il est nécessaire qu’une organisation RSE soit en place dans l’entreprise en vue d’encadrer, de gérer le respect des principes du développement durable.
Mais ce point de passage obligé n’est pas suffisant, il faut que cette organisation délivre des performances dans le domaine RSE, par exemple que l’on constate une diminution de l’empreinte carbone de l’entreprise.
 
Quels sont les points à mettre en œuvre pour que l’entreprise dispose d’une organisation adéquate ?
  • La nomination d’un Responsable RSE qui animera le projet.
  • L’implication des dirigeants : Une ou deux fois par an, il faut qu’ils examinent un bilan RSE décrivant la situation à date RSE dans l’entreprise.
  • La réalisation d’audits RSE
  • La définition des objectifs RSE de l’entreprise et des KPI’s permettant de mesurer régulièrement la situation et l’évolution des indicateurs de performance
  • Le reporting RSE.
  • L’animation du projet RSE à partir du reporting, notamment les actions correctives à mettre en œuvre.
  • La diffusion dans l’entreprise ne devant pas se limiter aux cadres supérieurs, des actions de formation et de communication doivent être déployées auprès des opérationnels (site intranet RSE, journal RSE).
 
Ici, on doit éviter de créer une « usine à gaz », une bureaucratie supplémentaire, mais faire de la RSE un projet d’entreprise. Une des clés du succès est l’implication des dirigeants, il faut que les managers soient convaincus que le Comité exécutif ne prend pas les choses à la légère et qu’ils seront appréciés également sur leurs performances dans ce domaine.
 
La situation à date en France est encourageante. Notre pays est dans le peloton de tête des pays les plus avancés en matière de RSE. Par exemple dans l’étude Ecovadis / Le Médiateur 2021 portant sur 49 800 entreprises et 43 pays, la France est classée troisième, derrière la Finlande et la Suède et se situe nettement au-dessus de la moyenne européenne.
Une enquête réalisée par Price Waterhouse France en septembre 2022 montre que 78 % des fournisseurs déclarent être questionnés sur les problématiques sociétales et environnementales et 58 % ont nommé un responsable RSE.
 
Une agence de notation qui est considérée comme une référence en matière de RSE est VIGEO EIRIS. D’origine française, créée en 2002 par Nicole Notat, ancienne secrétaire générale de la CFDT, l’agence a depuis 2019 MOODY’s comme actionnaire majoritaire. On trouve dans le classement de l’agence, bien notés selon une batterie de critères d’environnement, d’engagement sociétal, d’éthique des affaires, de droits humains et de gouvernance, de nombreux grands groupes français : Unibail Rodamco, La Poste, Danone, LVMH, Covivio, Axa, Suez, EDF, Michelin, Nexity, Eramet, … Donc une bonne partie des grandes entreprises françaises, notamment du CAC 40, ont mis en place une organisation RSE, mesurent leurs performances et sont l’objet d’évaluation par des agences de notations indépendantes.
 
Les enquêtes récentes menées sur la RSE montrent que les deux tiers des collaborateurs des entreprises françaises connaissent la RSE et se sentent concernés. Mais c’est encore plus net pour les jeunes : d’après une enquête du Boston Consulting Group, 76 % considèrent que leur poste doit être en phase avec leurs valeurs et que ce qui les rendraient les plus fiers dans leur activité professionnelle serait « d’avoir été utile, d’avoir apporté des changements positifs à la société ».
 
Cependant, il y a un Gap à franchir, c’est celui de la crédibilité : une majorité considère encore que la RSE est plus de la communication qu’une démarche sincère, comme le montre un sondage de la CEGOS réalisée en 2021. Ce point de vue ne m’inquiète pas outre mesure. La démarche RSE est récente et n’a pas encore atteint la maturité, malgré tout, les entreprises ont démontré, au fil du temps, qu’elles savaient s’adapter et relever les défis qu’elles rencontraient. Ce que je dis de l’entreprise, je pourrais le dire plus philosophiquement du libéralisme. Ceci démontre qu’il y a une forte attente et même une pression de la part des salariés auprès de la hiérarchie pour « plus de RSE ».
Mais il y a également une demande des fonds d’investissement et des investisseurs institutionnels, c’est pourquoi dès 2018, 92 % des 250 plus grands groupes du monde avaient produit un rapport RSE. Bien sûr, ce n’est qu’un début, et pour le moment les notations RSE ont encore peu d’impact sur les cours de bourse. Mais cela change et de plus en plus de fonds d’investissement ont créé des fonds ESG en faveur d’une économie durable. C’est par exemple le cas de BlackRock, qui gère 9000 milliards de dollars d’actifs, et sélectionne ses investissements en prenant en compte les critères ESG.
 
En conclusion, très rapidement, la RSE devrait prendre la place qu’elle mérite dans l’entreprise.
« Une hirondelle ne fait pas le printemps » comme le disait Aristote, mais c’est bien parti en France. Certes la France ne représente qu’environ 3 % des impacts écologiques, mais nous sommes dans une économie ouverte avec 30 % d’échanges extérieurs et les grandes entreprises ont comme prestataires des entreprises de taille moindre. Donc il devrait y avoir une diffusion rapide des pratiques RSE dans l’ensemble du tissu économique, au niveau mondial.
 

L’exemple d’un Best in class : Unibail Rodamco
 Dans le document d’enregistrement universel, vous trouverez un chapitre de 95 pages décrivant la démarche RSE d’un groupe qui possède 56 milliards d’euros d’actifs.

Quelques exemples parmi les trois programmes RSE du groupe :
 
Better Spaces
Par rapport à l’année de référence 2015 :
Réduction émission gaz à effet de serre par m2 : Europe 2021 -11 %, objectif 2030 – 35 %
Amélioration efficacité énergétique (kWh / m2) : 2021 -15 %, objectif 2030 -30 %
Better Communities
20 millions d’euros de valeur sociale générée par les actions à destination des territoires en 2021 (en faveur de l’entrepreneuriat, d’associations et de la consommation durable)
Better Together
100 % des collaborateurs avec un objectif RSE individuel


Francis Coulon, après trente ans passés au sein des groupes DANONE et LVMH, est conseil en management et en fusion-acquisition. Passionné par la philosophie et l’économie, il va prochainement publier un ouvrage d’Économie politique dont la spécificité est de se fonder sur la philosophie anglo-saxonne, encore méconnue en France : empirisme, utilitarisme, libéralisme.