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Derrière la vocation… les rouages de l’administration

La Rédaction
15/12/2021



Ancien sapeur-pompier et officier de réserve de la Gendarmerie Nationale, Landry Richard a récemment publié « Népal 2015 » chez VA Éditions dans lequel il nous raconte l’histoire de dix hommes partis aider lors du tragique tremblement de terre. Mais avant même la mission, ses difficultés et la fraternité qui en découlera, l’auteur nous montre les obstacles administratifs qui peuvent s’ériger entre les sapeurs-pompiers et leur mission de sauvetage.



Ces dernières années il y a eu de nombreuses discussions concernant l’indemnisation des sapeurs-pompiers volontaires. Pensez-vous que l’indemnisation actuelle est convenable ?

L’engagement à servir dans la réserve ou les contrats de sapeurs-pompiers volontaires prévoient des régimes indemnitaires sous forme de vacations. Il est coutume de dire que si les volontaires s’engagent pour des raisons financières, ils ne vont pas tenir longtemps. Ces régimes indemnitaires sont parfois d’ordre symbolique et ne sont pas une source de revenus au sens d’un emploi salarié. À ce titre, l’indemnisation financière ne doit être en aucun cas une source de motivation à l’engagement citoyen.

Pour votre mission au Népal vous avez dû aller à l’encontre de certains ordres. Le système hiérarchique vous semble-t-il optimal ?

Je précise que Népal 2015 est un roman, une fiction inspirée de faits réels. Il faut bien dissocier le travail des acteurs de la sécurité civile en France et celui des associations à but humanitaire. Lorsque nous sommes intervenus au Népal, nous l’avons fait à titre associatif. Même si nous étions tous des pompiers, nous n’intervenions pas sous couvert de nos services respectifs, mais à titre bénévole. Aucun ordre n’a pas été respecté, nous sommes restés irréprochables d’un point de vue administratif même s’il est vrai que nous avons parfois contourné quelques règles comme lorsque nous avons fait venir les journalistes sur le trottoir de la caserne, sur la voie publique alors que nous avions eu l’interdiction de les faire entrer à l’intérieur pour parler de notre projet d’intervention international.

Dans votre roman vous parlez de problèmes administratifs contraignants (comme pour la DCCNa, pour faire de l’eau potable, qui a dû rester à l’aéroport). Ces problèmes sont-ils récurrents et pénalisant pour vos missions ?

Cette mission a été un apprentissage pour notre ONG. En étant confronté à ces réalités administratives, nous avons appris comment nous améliorer dans un système de coopération international plutôt bien géré en France. Ce qui a été difficile en 2015 était de faire partir une équipe d’humanitaires sur un vol commercial, avec les règles de sécurité que l’on comprend aisément. Malgré le prix exorbitant des billets pour une équipe d’humanitaires, transporter des produits chimiques est un problème sur un vol commercial, tout comme le transport de haches, de piques, de couteau, de machettes, etc. Lorsque nous sommes intervenus en Équateur l’année suivante, à la suite du séisme qui a frappé le pays, nous avons pu bénéficier du vol affrété par le ministère des affaires étrangères. De cette façon, nous avions des places et des mètres cubes dédiés à l’aide internationale disponibles dans l’avion. Cette année pour partir vers Haïti, nous avons encore une fois du passer par un vol commercial et c’est Air Caraïbes qui a eu la gentillesse de « tolérer » nos centrales de potabilisation de l’eau. Impossible toutefois de revenir avec notre matériel de recherche qui est rentré d’Haïti avec le vol de la Sécurité Civile française quelques semaines plus tard, grâce à la coopération de l’ambassade de France en Haïti et des responsables de la protection civile européenne.

Les problèmes de financement que vous avez pu rencontrer, principalement pour les transports en avion, sont-ils une fatalité ?

Lorsque la France accorde son aide à un pays victime d’une catastrophe majeure et qu’elle affrète un avion dédié, il n’y a pas de problème. Le ministère des affaires étrangère entre en contact avec nous, nous propose des places et des volumes de marchandise et cela ne nous coute rien. Les vols commerciaux coutent cher même si en cas de catastrophe, nous ne partons pas en vacances ! Nous avons des besoins en matériels, besoin de subvenir en totale autonomie à nos besoins fondamentaux lorsque nous sommes sur place. Lorsque nous nous engageons auprès de l’ONU en annonçant nos capacités opérationnelles, il y a une part de logistique que nous devons assumer seuls. Aussi notre travail de fond consiste à trouver des bailleurs pour financer nos actions humanitaires.