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Décarboner la route, seul moyen pour la France de remplir les ODD

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20/09/2022



La France s’est engagée à remplir les 17 objectifs de développement durable (ODD) fixés par l’Organisation des Nations unies (ONU). Parmi ceux-ci figure la nécessité de décarboner les transports, responsables d’une grande partie des émissions de gaz à effet de serre (GES). La route, dont l’empreinte carbone est très élevée, est malheureusement la grande oubliée des politiques publiques de décarbonation.



Décarboner la route, seul moyen pour la France de remplir les ODD

Elle contribue à 95 % des émissions de gaz à effet de serre de tout le secteur des transports. Encore très empruntée par une majorité de Français au quotidien, la route joue également un rôle important dans le développement du tissu économique et social de notre pays. L’attention des décideurs politiques semble pourtant plutôt se concentrer sur tous les types de transport non-routier : aérien, ferroviaire, maritime, ou encore mobilités douces telles que la marche ou le vélo…
Si l’investissement et l’aide à ces secteurs sont nécessaires, on ne peut pas faire fi des usages et des pratiques au quotidien pour une bonne majorité des Français. Surtout qu’en plus d’avoir des effets bénéfiques sur le dynamisme économique des territoires, le développement des infrastructures routières a un rôle à jouer dans la réduction de notre empreinte carbone.

 
La voiture et sa place prépondérante dans la vie des Français
500 millions d’euros : c’est la part minuscule dédiée à la route sur les 100 milliards d’euros prévus par le Gouvernement dans son fameux « plan de relance  ». Annoncé à la rentrée 2020, ce grand plan d’investissement public prévoyait 13 milliards d’euros au total pour les transports, dont 3,7 % de ce montant dédiés aux infrastructures routières. Une part très faible qui ne tient pas compte de la réalité du quotidien des Français.
Une étude de l’INSEE, publiée en janvier 2021, révèle effectivement que 74 % des actifs utilisent leur voiture pour se rendre au travail. Cela représente 20 millions de Français, qui utilisent donc quotidiennement les routes nationales, départementales ainsi que les autoroutes. À l’inverse, 16 % des actifs seulement utilisent les transports collectifs pour aller au travail, dont l’écrasante majorité vit dans des centres urbains importants comme Paris.
Ces statistiques suggèrent qu’une grande partie des Français sont contraints d’utiliser leur voiture tous les jours. Malgré toute la bonne volonté du Gouvernement pour développer les alternatives à celle-ci, les usages de la route ne sont pas près de s’arrêter. Grande émettrice de CO2, la route a donc besoin d’investissements massifs pour réduire son empreinte carbone.
 

La nécessité de développer le transport routier écoresponsable
Avec ses millions de kilomètres de voiries bien entretenues et un maillage territorial conséquent, la route française a le potentiel d’accueillir un grand nombre d’usages plus écoresponsables. « L’autoroute n’étant pas un mode de transport, mais une infrastructure capable d’accueillir toutes sortes de modes et d’usages, elle constitue un terrain propice au développement de toutes les formes d’écomobilités », indique Pierre Coppey, président de Vinci Autoroutes. Covoiturage, voitures électriques ou à hydrogène, transports collectifs… Le déploiement de ces nouvelles formes de transport routier a déjà débuté, par exemple avec le développement des bornes électriques sur les aires d’autoroute. Proposé par la Convention citoyenne pour le Climat, les voies réservées aux véhicules partagés ou à faible émission ont aussi fait leur apparition récemment, comme à Grenoble en septembre 2020 sur l’A48. « En transformant l’infrastructure autoroutière avec des aménagements et des équipements ciblés, on crée les conditions du déploiement de mobilités plus efficientes, plus collectives, plus propres ».
En plus des usages, ce sont les infrastructures en elles-mêmes qui sont visées par des politiques de décarbonation. Revêtements des chaussées à partir de matériaux recyclés, éclairage de nuit remplacé par des LED, installation de panneaux solaires, systèmes de tri des déchets… Les sociétés concessionnaires d’autoroute (SCA) produisent d’ores déjà des efforts tous azimuts pour réduire le plus possible l’impact environnemental des autoroutes existantes.
Mais au-delà de ces premiers gestes réalisés par les gestionnaires privés, l’État doit emboîter le pas et investir lui-même dans nos routes. Réduction ou gratuité des péages pour les véhicules partagés, grand plan d’investissement pour le développement de stations de charge électrique et à hydrogène… C’est à présent à l’État de créer le cadre légal et réglementaire pour favoriser ces nouvelles formes d’écomobilités routières. D’autant que l’État et les collectivités publiques détiennent la grande majorité des routes françaises, soit toutes celles qui n’ont pas été concédées. La nécessité d’investir dans la route est d’ailleurs encore plus importante quand on sait à quel point elle est liée au développement économique et social de nos territoires.
 

La route, vecteur de développement économique et humain
« L’importance des routes pour l’économie et le bien-être social a été établie depuis des décennies par des organismes internationaux (OCDE, Banque mondiale, FMI) », expliquait en 2018 le directeur technique de l’Association mondiale de la route Miguel Caso Florez, dans une tribune au Monde. « Le rôle de la route comme catalyseur économique et son influence directe dans la compétitivité d’un pays n’est plus à démontrer ». Le développement des infrastructures routières permettrait de désenclaver les zones isolées, où les services publics se font de plus en plus rares et restent donc peu accessibles pour les habitants.  
En plus de cet isolement vis-à-vis des services publics, les habitants des petites et moyennes villes se retrouvent exclus des métropoles et des grands centres urbains voisins où est concentré l’essentiel des moyens de transport (autoroutes, aéroports, gares TGV…). Des centres urbains qui constituent souvent d’ailleurs les lieux économiques importants de la région. Le manque d’infrastructure routière participe donc à réduire la taille du bassin d’emploi d’une région, ce qui pose problème dans une période où de nombreuses personnes rencontrent des difficultés à trouver un emploi. Un isolement social qui se double donc d’un isolement économique.
En 2018, Élisabeth Borne, alors ministre de la transition écologique, affirmait que « la première des priorités à laquelle je suis fondamentalement attachée est la desserte routière de nos territoires.Dans la plupart des cas, il ne s’agit pas de grands travaux, mais d’aménagements simples. J’ai l’absolue conviction que ce désenclavement routier mérite que l’on dégage les moyens suffisants et pérennes pour y parvenir ». Elle promettait alors un investissement d’un milliard d’euros sur dix ans pour atteindre ce but. Un montant bien faible en comparaison avec les 13 milliards promis dans le plan de relance pour toutes les autres formes de transport…
En plus des enjeux en termes de mobilité, le développement des routes a également un rôle important à jouer pour l’emploi local. Les travaux réalisés pour construire, entretenir ou moderniser les routes et les autoroutes créent des emplois impossibles à délocaliser. Ces chantiers font, en plus, intervenir des petites et moyennes entreprises du BTP locales.  
L’État français doit comprendre que la route ne deviendra pas du jour au lendemain obsolète. Les Français auront encore longtemps besoin de leur voiture. Si la France veut atteindre les objectifs de réduction carbone qu’elle s’est fixée dans les accords de Paris et dynamiser ses territoires, elle doit impérativement investir massivement dans ses infrastructures routières. Les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas une fatalité : des moyens de transport routier écoresponsables existent déjà et ne demandent qu’à être développés. C’est la seule solution pour que l’État français réduise ses émissions de gaz à effet de serre d’ici la fin de la décennie.





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