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Aurions-nous raté le « monde d’après » ?

Sébastien Bolle
24/09/2020



En avril dernier, en plein confinement de la nation, notre président nous ouvrait les portes d’un monde meilleur, « un nouveau projet pour la concorde » pour reprendre ses termes.



Copyright  Ariane Fauchille
Copyright Ariane Fauchille
Un monde redevable, à l’écoute des scientifiques, un espoir de corriger le tir, un changement de paradigme sur nos certitudes et nos objectifs. Les mois passent et les messages issus des médias de masse viennent perturber les citoyens tant ils semblent décorrélés de ce projet désiré, attendu. Sur la chaîne d’information en continue du service publique, on nous annonce, entre l’actualité de D.Trump et le Tour de France, que 68% du vivant a disparu en 50 ans (1). Un autre reportage affirme que la calotte glacière du Groënland est perdue à jamais et que nous avons dépassé les scénarios les plus pessimistes (2).

Quelques jours plus tard, le Brésil et sa forêt amazonienne puis des Etats entiers des USA sont en feu. Des images d’apocalypse, dignes de la Bible ou de films de science-fiction catastrophistes, nous poussent à une prise de conscience immédiate. Le gouvernement français est là et il va apporter sa goutte d’eau du colibri. Devant le fort de Brégançon, notre chef d’Etat nous annonce qu’il va, comme première mesure, demander de réduire la vitesse des portes conteneurs en mer…. La ministre de la transition écologique affiche un plan d’action en milliards d’euros pour éviter d’arriver à +4°c de hausse des températures du globe. Nous rappellerons humblement ici que la cible de la COP 21 était de ne pas dépasser +1.5°C, seuil intermédiaire permettant de ne surtout pas atteindre les +2°C, point de non-retour de notre civilisation telle que nous la connaissons. (3)

Cette crise, qu’on le veuille ou non, doit être un accélérateur de transition vers un monde responsable, redevable. Force est de constater que beaucoup de nos concitoyens devant ce choc des images, des intentions de bien faire et des actions réelles sur le terrain sont perdus, voire démotivés.

Mais alors comment faire ? Quelle direction prendre ? Comment atteindre ce nouveau Modèle ?

Quelle est la meilleure stratégie, et quelle en est sa tactique ?
 
Faut-il changer de logiciel ?
La prise de recul, sur tous les domaines scientifiques, nous laisse penser qu’un simple changement de logiciel ne suffira pas. Si nous prenons cette thématique du numérique comme image, c’est bel et bien un changement de système d’exploitation qu’il nous faut pour relever nos défis.

Et le mot exploitation a ici tout son sens. Nous ne solutionnerons pas nos problèmes avec un fonctionnement du type ‘super prédateur’ de la vie terrestre tel que nous le connaissons. Car rappelons ici que c’est bien la vie dans sa grande richesse, sa biodiversité, qui est mise à mal par un modèle de société global. La RSE et le développement durable n’ont jamais eu pour but de sauver la planète. Cette masse de roche au milieu du cosmos a déjà connu des périodes plus froides, plus chaudes, des niveaux océaniques plus ou moins élevés. Ce sont bien les espèces vivantes dans leur ensemble qui subissent une pression anthropique comme jamais elles ne l’ont subie. Maintenant que le constat est posé, les pistes de changement seront plus visibles. Nous retiendrons les 4 mots de René Dubos au Sommet de la Terre de Stockholm en 1972 : PENSER GLOBAL, AGIR LOCAL.
 
Ne pas réinventer l’eau chaude.
On ne le redira jamais assez, et tant pis pour les pessimistes qui justifient leur non action par l’adage « Cela ne sert à rien, je ne peux rien faire à mon niveau », mais une réponse existe bel et bien et elle se découpe en deux temps.

La première étape est la prise de conscience que TOUS les habitants de cette petite planète peuvent, doivent être actrices et acteurs. Encore la synthèse du colibri me direz-vous, mais il est essentiel d’acquérir le fait qu’ « il n’y a pas de petits gestes quand on est 7.55 milliards à les faire ». Le collectif est primordial à la réussite du projet. Notre premier ministre, le 11 septembre dernier, concernant la crise sanitaire, faisait « appel à la responsabilité de tous les instants… demain dépend de vous, de nous ». Nous pourrions le prendre au mot dans notre contexte. La construction d’un système individualiste garantissant une consommation de masse, mis en place depuis deux générations, devra évoluer afin d’inclure toutes les parties prenantes dans un but commun.

La deuxième étape est un plan d’action accessible et applicable par tous. Je parle ici des 17 objectifs du développement durable de l’ONU.

Je vais tacher de vous résumer les 17 ODD et ses 169 cibles en quelques lignes et en un graphique. Le socle du développement durable est de subvenir aux besoins du présent sans compromettre les générations futures à répondre à leurs propres besoins. Les Nations Unies posent cette définition sur un graphique (5) ou l’on retrouve en axe horizontal l’indice de développement humain. Cette dernière mesure la « qualité de vie » d’une nation à travers sa capacité de se nourrir, se soigner, se loger, s’éduquer entre autres.

Sur l’axe vertical nous retrouvons l’empreinte écologique de cette même nation corrélée à la capacité de son territoire à fournir des biens, des matières premières. L’idée étant d’afficher cette relation entre le mode de vie et la (sur)consommation de ce que dame nature peut nous apporter.

La zone cible est donc symbolisée par la case en bas à droite réunissant les conditions de vie viables, vivables et durables. Et cette dernière est :  vide. La dernière nation à avoir quitté cette zone cible en 1994 est la république de Cuba. Retenons juste qu’il n’est pas impossible d’y arriver.

Soyons les architectes d’un monde meilleur, ambitieux, et pragmatique ; solidement engagés dans une volonté commune de « Redonner du Sens Ensemble »…. Vous avez dit RSE ?