Rio+20 : un coup d’épée dans l’eau

Arthur Fournier
26/06/2012


La Conférence des Nations Unies sur le développement durable, Rio+20, s’est déroulée du 20 au 22 juin 2012 au Brésil. Avant même son commencement, ce grand rendez-vous des puissances était déjà attendu comme un échec par de nombreux décideurs et observateurs français et étrangers. Qu’en a-t-il été finalement ?



Cinquième édition du Sommet de la Terre organisé par l’ONU, le sommet Rio+20 tire son nom de la référence au premier sommet de ce genre tenu en 1992. L’évènement avait notamment été à l’origine de la Convention sur le Climat et impulsé l’initiative du protocole de Kyoto. Le Sommet de 2012 s’est donné pour mission d’aborder des thèmes ambitieux. L’économie verte, l’éradication de la pauvreté, le cadre institutionnel du développement durable sont autant de concepts qui en appellent d’emblée à une coordination forte entre les pays du monde entier. Si l’initiative fédératrice qui a clairement sous-tendu l’organisation de ce Sommet mérite d’être saluée, elle n’en a pas moins été taxée d’irréalisme à plusieurs reprises. François Hollande annonçait lui-même Rio+20 comme un rendez-vous « difficile ».
 
Il est vrai que ce Sommet a cristallisé les antagonismes. Le concept d’économie verte, pourtant central dans les débats qui ont animé le Sommet, a par exemple été vivement critiqué et dénoncé comme une coquille vide par plusieurs organisations internationales. ATTAC l’a ainsi présenté comme « la marchandisation de la nature ». Pour les pays du Sud par ailleurs, l’économie verte comporte en elle des considérations qui ne peuvent que devenir des entraves à leur développement économique et commercial et les empêcher de rattraper les économies développées. Le concept clé du Sommet de Rio 2012 reste donc flou et largement indéfini.
 
En réaction, les pays en développement – Guatemala et Colombie en tête – ont milité pour l’inscription à l’ordre du jour de Rio+20 de la question des Objectifs de développement durable. Ces objectifs ont en effet pour vocation de remplacer les Objectifs du millénaire, établis en 2000. Ils constituent sans aucun doute l’initiative la plus constructive du Sommet de 2012, car ils ont pour but d’être « en nombre limité, concis et tournés vers l’action » d’après la déclaration finale de Rio+20. Mais là aussi, il est encore tôt pour se réjouir : rien n’est joué en effet puisque la définition de ces objectifs a été confiée à un groupe de travail qui devra rendre ses conclusions en 2013. Tout reste donc encore à faire.
 
Le Sommet avait également pour but de lier les États par un texte en faveur du développement durable, il s’est conclu par la signature d’un accord a minima intitulé « Le monde que nous voulons ». L’évènement a certes permis la réunion d’un vaste panel d’États et de représentants de l’ensemble de la société civile, mais Rio+20 s’est révélé incapable de préserver la substance de l’accord qui a motivé sa réunion. En l’absence d’un leadership fort, les différents participants ne se sont engagés que sur quelques principes non contraignants.
 
A posteriori, Rio+20 peut sans aucun doute être présenté comme échec aujourd’hui : qu’il s’agisse de ses débats, de son accord conclusif ou encore des principales initiatives suscitées parmi les participants, le travail réalisé au cours de ce sommet Sommet manque cruellement d’engagement et de cohérence. Après l’échec de la conférence de Copenhague de 2009, le bilan de Rio+20 paraît lui aussi bien fade. On ne peut dès lors qu'espérer que cette série de réunions mondiales infructueuses ne soit pas révélatrice de l’incapacité de la communauté internationale à agir en faveur d’un développement durable, respectueux de l’Humanité et de l’environnement.