Présidentielles américaines quand Twitter et Facebook se font déontologues du droit de la presse

Sébastien Arnaud
16/10/2020


Twitter et Facebook ont reconnu avoir limité la diffusion d’un article de presse qui révélait des courriels de Joe Biden. Mais si la révélation de ces échanges peut susciter un débat de droit de la presse, voir les réseaux sociaux trancher sur la question complexe du droit d’informer est problématique.



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Est-ce que les journalistes peuvent diffuser des conversations privées ? Est-ce que des éléments dont les conditions d’obtention sont troubles peuvent être utilisés ? Quelles sont les conditions et limites éventuelles de la protection des sources des journalistes ? Il n’est pas nouveau de s’interroger sur ces aspects. Les avis divergent et il est bien souvent difficile de trancher sans se pencher sur un cas exceptionnel. Et c’est justement parce que le sujet est complexe que l’on peut s’inquiéter de voir Facebook et Twitter trancher entre ce qui est de l’ordre de l’information ou de l’influence sur la politique. Car par principe l’information a un impact sur la société, c’est même sa raison d’être.

Ainsi quand à trois semaines de l’élection présidentielle américaine les deux réseaux sociaux limitent la diffusion d’un article sur leurs plateformes on s’interroge. Car pourquoi le faire lorsqu’il s’agit d’éléments concernant le fils de Joe Biden et non concernant les bilans fiscaux de Donald Trump ? « Mercredi 14 octobre, le journal conservateur New York Post a en effet publié ce qu’il affirme être des e-mails qui auraient été récupérés illégalement sur un ordinateur contenant des messages, des photos et des vidéos personnelles du fils de Joe Biden, Hunter Biden – ce dernier a siégé de 2014 à 2019 au conseil de surveillance du groupe gazier ukrainien Burisma. Le quotidien dit avoir obtenu ces documents par le biais d’un proche de Donald Trump, l’ancien maire de New York Rudy Giuliani » rapporte l’AFP.

C’est sur l’aspect illégal de la récupération des mails que Twitter et Facebook ont basé leur décision. Une question qui n’est pas sans importance, mais qui est aussi accessoire pour le traitement d’une information si elle est d’intérêt général. Or toutes les « leaks », éléments fiscaux ou grandes affaires journalistiques sont basées sur des documents obtenus de façon illégales, sans que le traitement de l’information par des journalistes ne soit jugé problématique par les réseaux sociaux.