Pêche contrôlée par la prévision des variations de phytoplancton

29/08/2014


Des chercheurs de Météo-France, associés au CEA et au CNRS ont découvert un moyen de prévoir les variations de production de phytoplancton, base des chaînes alimentaires marines. Grâce à cette technique, les chercheurs peuvent prédire les stocks de poissons qui seront disponibles pour la pêche.



« Pour la première fois, des chercheurs de Météo-France, du CEA et du CNRS* ont évalué la capacité d'un modèle climatique utilisé pour les travaux du GIEC à prévoir les variations naturelles de la production primaire du phytoplancton dans le Pacifique équatorial » annonce Météo France par communiqué. A prime abord très abstraite, cette découverte peut s’avérer très utile dans la pratique.

Le phytoplancton étant la base des chaînes alimentaires marines, les variations de productions ont un impact immédiat sur les stocks de poissons disponibles pour la pêche.

En introduction du communiqué, les auteurs prennent l’exemple du Pacifique équatorial, « l’une des plus grandes régions de pêche au monde. » Dans cette zone, sujette aux fluctuations climatiques El Niño / La Niña, des scientifiques ont remarqué que « Lors des phénomènes La Niña, les eaux profondes, froides et riches en nutriments, remontent à la surface. La production primaire du phytoplancton, base des chaînes alimentaires marines, augmente alors significativement, ce qui conduit à des stocks de poissons importants. À l'inverse, le phénomène El Niño appauvrit l'océan de surface, ce qui peut entraîner une diminution drastique de certains stocks de poissons. »



Nouvelles perspectives sur les stratégies de pêche

« Ce potentiel de prévision dépasse largement celui des paramètres climatiques comme la température de surface de la mer. Cela s'explique vraisemblablement par la lenteur des mécanismes mis en jeu : les variations des quantités de nutriments générées par les phénomènes El Niño / La Niña le long des côtes péruviennes se propagent dans tout le bassin océanique en plusieurs années » détaille Roland Séférian, chercheur à Météo-France cité dans le texte.

Pour arriver à ces résultats les chercheurs de Météo France, du CEA et du CNRS ont confronté les résultats de leurs simulations aux informations collectées par des satellites ces quinze dernières années. Les résultats ont été très concluants puisqu’ils estiment pouvoir anticiper les variations naturelles de la production entre 2 et 5 ans à l’avance.

Pour conclure, le communiqué explique que « ces travaux permettent d'envisager le développement de nouvelles approches dans la gestion des ressources marines, et notamment halieutiques, s'appuyant sur des systèmes de prévision couplant modèles climatiques et biologiques. Ils ouvrent de nouvelles perspectives sur de possibles stratégies de pêche raisonnée à l'échelle pluriannuelle. »