Ecologie et santé, sommes-nous les « cobayes » de notre époque ?

Sébastien Arnaud
13/04/2018


Un appel à une marche citoyenne a été signé par des personnalités politique et des organisations de défense de l’environnement, appelant à « refuser d’être des cobayes ». D’après les signataires du texte, le fait que le public soit le premier touché par les effets de la pollution et de la dégradation de l’environnement fait de nous des cobayes des « expériences des lobbys ».



ILD
« Cobayes » des lobbys et des pollueurs ? La formule est forcément provocatrice puisqu’elle cherche à provoquer un mouvement citoyen. Les signataires de l’appel  à mobilisation dans le rue, reprise notamment par le blog  Huffington Post de la députée européenne EELV Michèle Rivasi, est particulièrement offensif.
« Alors que les maladies infectieuses ont largement baissé au XXème siècle en raison de l'hygiène et de la nutrition, les maladies chroniques dites maladies de "société" ont explosé: cancers, allergies, autisme, hyperactivité, maladies auto-immunes, infertilité, obésité, perturbations hormonales, pubertés précoces, maladies liées au effets secondaires de certains médicaments et vaccins, électro-hypersensibilité etc... Toutes ces maladies ont pour cause la dégradation de notre environnement et la "folie" de notre mode de vie » commencent les personnalités politique et organisations de défense de l’environnement.

Les auteurs font la liste des maux, les déchets industriels et agricoles, les résidus nucléaires et la dégradation de l’eau et de l’air et leur impact sur notre santé. « S'ajoute à cela le poids des lobbies des complexes agroalimentaires, chimiques, pharmaceutiques et du profit à tout prix, qui fait souvent primer, en matière de santé publique, les intérêts de l'industrie sur l'intérêt général. Des milliers de victimes sont humilié.e.s au quotidien par ces lobbies qui agissent en toute impunité et sans presque aucune surveillance et c'est toute la population qui devient cobaye de leurs expériences », écrivent-ils.

Ils ajoutent ensuite que la crise sanitaire est la 4ème crise écologique « à côté de la crise climatique, de l'extinction de la biodiversité et de l'épuisement des ressources naturelles. » Un constat sur lequel on peut facilement se mettre d’accord en observant les domaines identifiés comme clés par la recherche médicale et scientifique : cancers et ondes, maladies et pollution de l’air etc. Pour autant, lorsque les auteurs expliquent que « face à cette catastrophe sanitaire galopante, il est temps de réagir et de tous se mobiliser dans le cadre d'une grande marche autour des victimes et des cobayes », on ne peut s’empêcher de les renvoyer au Larousse. Quand il ne s’agit pas du rongeur d’Amérique du Sud, le dictionnaire retient que l’on puisse parler d’un « sujet d’une expérience ». En l’occurrence les effets sur la santé de la crise écologique – et ses effets sur la santé - ne sont pas un moyen utiliser pour expérimenter un quelconque produit mais bien une conséquence d’irresponsabilités en tous genres. L’oublier c’est chercher des coupables quand il serait plus judicieux de chercher à responsabiliser les acteurs institutionnels ou économiques et la population.