Eau en bouteille : Foodwatch porte plainte pour pratiques illégales

Paolo Garoscio
21/02/2024


Le secteur de l'eau en bouteille se retrouve aujourd'hui au cœur d'une controverse majeure. Une enquête menée par la cellule d’investigation de Radio France et le journal Le Monde a mis en lumière des pratiques pour le moins questionnables de la part de géants de l'industrie tels que Nestlé Waters (Vittel, Hépar, Perrier, etc.) et Alma (Cristaline, Saint-Yorre, Courmayeur, etc.), révélant l'utilisation de systèmes de traitement de leurs eaux minérales interdits par la réglementation



Des systèmes de filtration interdits pour les eaux en bouteille

Selon les informations divulguées, ces entreprises auraient recouru à des méthodes de décontamination non autorisées, telles que l'utilisation de filtres à charbon actif ou de filtres UV, pour traiter leurs eaux minérales. Des techniques légales… mais seulement pour l’eau du robinet. Nestlé Waters et le groupe Alma, selon l’enquête publiée le 29 janvier 2024, les auraient malgré tout utilisées pour leurs eaux en bouteille.

Ces révélations sont d'autant plus préoccupantes que l'eau minérale, vendue à un prix nettement supérieur à celui de l'eau du robinet, est choisie par les consommateurs pour sa pureté supposée et ses supposées qualités bénéfiques pour la santé. L'enquête indique également que le gouvernement était au courant de ces pratiques, posant ainsi la question de la complicité des autorités dans cette affaire.

Foodwatch porte plainte et demande des comptes

Mercredi 21 février 2024, dans un communiqué de presse, l’ONG de défense des consommateurs a annoncé déposer une plainte. « Nestlé Waters et Sources Alma ont fait croire à leurs consommateurs qu’elles leur vendaient de l’eau minérale naturelle, conformément à ce que cela implique en termes de bienfaits pour la santé et de qualités nutritionnelles, tandis qu’elles leur vendaient, en fait, de l’eau anciennement contaminée qui avait été traitée de façon illégale. Ces techniques ont nécessairement eu un impact sur les constituants essentiels de l’eau, dès lors qu’elles ont eu pour effet de la purifier afin de la rendre potable », explique Me François Lafforgue, l’avocat de foodwatch, cité dans le communiqué de presse. Pas moins de neuf infractions au Code de la consommation et au Code de la santé publique ont été identifiées par l'ONG.

Cette controverse soulève des questions essentielles sur le rôle de la RSE dans le secteur de l'eau en bouteille. Les entreprises sont de plus en plus jugées sur leur capacité à agir de manière éthique et transparente, et les pratiques révélées par cette enquête semblent aller à l'encontre de ces valeurs. La responsabilité sociale implique un engagement envers des pratiques durables et éthiques, qui respectent non seulement l'environnement mais aussi les droits et les attentes des consommateurs.