Impossible de planifier sans avoir d’abord passé en revue les moyens à dispositions. Ce qui tient de lieu commun pour n’importe quel type de gestion s’applique aussi au rapport que les pays devraient avoir avec leurs ressources. « Les conclusions du rapport de l'ONU environnement de 2019 - après une multitude d'études aux conclusions similaires - sont claires : les conséquences sur l'environnement et sur les sociétés de la consommation mondiale actuelle de ressources sont insoutenables. Métaux, minéraux, combustibles fossiles, eau, ressources halieutiques, forestières : toutes les prévisions de consommation de ressources sont orientées à la hausse malgré des gains substantiels en termes d'efficacité matière et énergétique. Cet accroissement - et notre difficulté à penser la gestion des ressources dans un monde fini - se heurtent à « la capacité physique [de notre planète] à fournir de nouveaux efforts ». La surexploitation des ressources conduit en outre à l'émergence de risques environnementaux mais aussi sociaux et (géo)politiques majeurs pour nos sociétés » explique France Stratégie dans un texte qui introduit une réflexion menée sur le sujet.
Même s’il faut continuer à favoriser la recherche et l’innovation pour permettre à la croissance économique de se réaliser grâce à des principes d’optimisation des ressources, il est essentiel de ne pas compter sur des ruptures technologiques dans la planification : « Intégrer la finitude de certaines ressources dans la fabrique de nos politiques publiques est dès lors un impératif auquel les innovations technologiques attendues ne pourront nous permettre d'échapper. Comment anticiper ces limites pour éviter l'adaptation à marche forcée et la gestion de plus en plus récurrente de crises liées à cette finitude ? Que serait une gestion soutenable des ressources ? Que pouvons-nous apprendre des expériences de gestion sectorielle ou locale menées en France ou en Europe ? Quels leviers pour des politiques publiques intégrant ces contraintes ? »
Les restrictions ne sont pas surprenantes au milieu de l’été. Alors que quatre-vingts départements sont concernés, le vice-président de France Nature environnement (FNE) a donné une interview à France info. Il y explique qu’il y a encore d’importants efforts à faire pour lutter contre le gaspillage. « D'abord en économisant les pertes, puisqu'on a encore plus de 20% de pertes sur les réseaux domestiques. On a aussi la possibilité d'économiser beaucoup d'eau dans les usages domestiques - le jardin, les lavages de voiture - en captant et en gardant toute l'eau pluviale » explique Jean-David Abel.
Car c’est justement ce qui choque en ces périodes de sécheresse, le fait que les jardins, les piscines et autres usages secondaires sont approvisionnés en eau potable. D’autant que l’agriculture représente 80% de l’utilisation d’eau de notre pays.
Quant aux économies d’eau, elles sont nécessaires pour toutes les ressources, pas seulement la potable. Utiliser de l’eau non potable ne saurait être une licence à utiliser sans compter. Et dans ce domaine les solutions simples ne sont souvent pas satisfaisantes : « ce qu'il faut absolument qu'on fasse, c'est qu'on économise massivement toutes les utilisations. Les industriels ont déjà fait beaucoup d'efforts dans leurs process depuis une vingtaine d'années. Il y avait des efforts très importants à faire dans le monde agricole, parce qu'on voit que nos modèles agricoles ne sont pas du tout adaptés aux sécheresses récurrentes qu'on connaît. Et ce, même avec les dispositifs de stockage existants, puisqu'on ne peut pas stocker indéfiniment l'eau. Il y a un discours du ministère de l'agriculture aujourd'hui. On entend qu'il y a de l'eau qui tombe l'hiver, qu'on ne s'en sert pas et que l'été on en a besoin. Mais ils oublient que toute cette eau qui tombe l'hiver va ré-abonder les rivières, les fleuves et surtout les nappes, de façon massive. Donc on ne peut pas la prélever sans qu'elle manque ailleurs. »