Les dégâts sont considérables et justifient une réponse de grande ampleur de la part du Centre international en recherche agronomique pour le développement (CIRAD). « Le Huanglongbing (HLB), aussi connu sous le nom de maladie du dragon jaune, est une maladie bactérienne mortelle des agrumes qui entraîne des dégâts considérables sur les cultures. Déjà présent dans la quasi-totalité des régions productrices, le HLB menace désormais le bassin méditerranéen avec l'arrivée de son insecte vecteur, le psylle. Face aux impacts sur la production et à la hausse des prix qui en résulte, le Cirad développe avec ses partenaires des stratégies de lutte intégrée, dans le cadre de plusieurs projets, dont Tropicsafe. Ce projet financé par le programme Horizon 2020 de l'Union européenne vient de s'achever » explique le communiqué du centre.
Depuis les années 2000 cette maladie a quitté sa région d’origine d’Asie du Sud-Est pour toucher l’Amérique du Sud et les Caraibes. « Les principaux pays et régions producteurs d'agrumes, à savoir la Chine, la Floride (Etats-Unis) et le Brésil, sont fortement impactés, entraînant à l'échelle mondiale une baisse de la production et une hausse des prix. Première zone de production des petits agrumes, oranges et citrons, le bassin méditerranéen craint lui aussi une introduction de la bactérie car, si la maladie n'a pas encore été détectée dans la région, le psylle - insecte vecteur du HLB - est déjà présent (voir les zones de présence de la maladie et/ou du psylle) » appuie le texte.
La Guadeloupe qui a été frappée de plein fouet dans les années 2010 bénéficie d’une expérience utile. « Aujourd'hui, la seule méthode vraiment efficace consiste à arracher les arbres malades et à les remplacer par des plants sains certifiés, puis à traiter avec des insecticides pour empêcher le retour du psylle. C'est ce que fait le Brésil. Seulement c'est une méthode à forte empreinte écologique et très peu durable. En Guadeloupe, le Cirad s'est tourné vers d'autres solutions, en associant des nouvelles variétés plus tolérantes à la maladie à de nouveaux systèmes de cultures en agroécologie », explique un responsable de ces sujets de l’organisation. Bio, nouvelles variétés, recherches supplémentaires sont au cœur de la stratégie anti-dragon jaune. C’est en connaissant mieux cette maladie que les réponses les plus adaptées seront trouvées.
Bien traiter la terre c’est produire plus de légumes. Ce lieu commun est une leçon à retenir pour les cultures intensives qui cherchent à gagner en rendement en stimulant par des agents extérieurs des terres. Un rapport publié par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) évalue les gains de production que pourraient permettre des améliorations dans le le respect de la biodiversité des terres. « Une augmentation annuelle de seulement 0,4% de la teneur en carbone des sols agricoles (un indicateur clé de la biodiversité des sols) au cours des 30 prochaines années pourrait potentiellement stimuler la production mondiale de trois grandes cultures, maïs, blé et riz, jusqu'à 23,4%, 22,9% et 41,9% par an respectivement » explique l’UICN par communiqué.
« L'agriculture a souvent été présentée comme une menace pour la conservation de la biodiversité. Pourtant, la conservation de sols et de paysages vivants et riches en biodiversité peut stimuler les rendements, tout en aidant à la fois la nature et la société. Ce rapport identifie clairement un terrain d'entente et des objectifs communs pour les agriculteurs et les défenseurs de l'environnement, susceptibles de contribuer à assurer l'avenir de l'agriculture elle-même », affirme le directeur de l’organisation, le Dr Bruno Oberle.
Intitulé « Notre terrain d'entente : rétablir la santé des terres pour une agriculture durable », le rapport démontre les intérêts financiers et de rentabilité à bien traiter la terre. « Les augmentations potentielles de rendement pour le maïs, le blé et le riz sont estimées à 132 milliards de dollars américains. En outre, l'augmentation de la teneur en carbone organique des sols agricoles dans le monde augmenterait leur capacité à stocker l'eau jusqu'à 37 milliards de m3, réduisant ainsi les besoins d'irrigation d'environ 4% à l'échelle mondiale, et permettant une économie potentielle de 44 milliards de dollars américains par an » appuie l’UICN.