Tel est pris qui croyait prendre. L’ONG Sea Shepherd qui est spécialisée dans les opérations coup de poing se plaint par communiqué d’avoir cette fois été visé par une opération de déstabilisation. « Tirs de paintball, jets de projectiles en tout genre blessant notre équipage à coup de pierre, manœuvres dangereuses... Ces attaques inqualifiables à l'encontre de nos équipes ternissent l'image de tout un secteur. "Ces agressions sont d'une rare violence. Les pêcheurs en question sont fermés à tout dialogue et font des manœuvres en mer extrêmement dangereuses pour nos équipes" déclare Lamya Essemlali, Présidente de Sea Shepherd France. L'ONG a porté plainte contre ces pêcheurs qui intimident et agressent les bénévoles de l'organisation » avance le communiqué de l’organisation.
Des critiques qui ressemblent à s’y méprendre à celles formulées par les pêcheurs eux-mêmes qui disent que les militants les empêchent de faire leur travail. Pour éviter d’être mis dos à dos avec la profession, l’association a accompagné son texte en assurant que ceux qui l’attaquaient n’étaient pas représentatif d’une profession dans son ensemble : « Les pêcheurs qui collaborent avec Sea Shepherd de plus en plus nombreux Sea Shepherd tient à saluer l'esprit constructif et le grand professionnalisme qui règnent avec certains pêcheurs français. Grâce à cette proximité toujours bienveillante, l'ONG et les pêcheurs prouvent qu'ils peuvent oeuvrer ensemble, à la protection de la biodiversité marine et plus particulièrement à celle des dauphins victimes de captures ou échouages quotidiens sur les côtes françaises durant cette saison. »
Dans l’espace médiatique l’association met l’accent sur le sujet précis des dauphins capturés par accident. Mais le combat de l’association va bien au-delà de ce thème avec la lutte contre la pêche en général et même des projets plus larges antispécistes. Une approche stratégique similaire à celle de L214 dans le domaine de l’élevage en se focalisant sur l’intensif tout en étant opposé à toute exploitation animale.
Le Scombrus est un géant des mers. Avec une capacité de pêche qui peut atteindre jusqu’à 200 tonnes par jour, ce navire de la société France Pélagique a été inauguré le 25 septembre. Pour l’association Sea Shepherd, cette mise à flot est symptomatique des maux du secteur de la pêche.
Pour l’ONG, ce bateau est « en soi la démonstration que les autorités françaises n'ont toujours pas saisi l'urgence de réformer profondément le secteur de la pêche, en surcapacité par rapport à ce que peut endurer l'écosystème marin. Il est primordial d'interdire les diverses méthodes de pêche non sélectives, particulièrement sur les zones sensibles, et notamment sur les zones habitat des dauphins tel que le Golfe de Gascogne. L'inauguration de ce navire envoie un très mauvais signal qui a de quoi susciter toutes les inquiétudes. La surpêche est devenue la plus grosse menace qui pèse sur la survie de l'océan (devant la pollution et le changement climatique). »
La présidente de la branche française de l’association, Lamya Essemlali, juge « inconcevable » que « de tels navires-usines » soient autorisés à opérer. «
Sea Shepherd, actuellement en mission de surveillance des pêcheries en Bretagne pour documenter les captures de dauphins en zone côtière par les bateaux « artisanaux », plaide pour l'interdiction pure et simple de navires de pêche de l'envergure du Scombrus et une meilleure surveillance globale des bateaux de pêche, toutes tailles confondues. Une surveillance particulièrement urgente et nécessaire dès lors que les techniques employées entrainent des captures non sélectives, notamment de prédateurs marins à l'instar des dauphins et des requins, très vulnérables à la surpêche » ajoute le communiqué de l’ONG.
Et d’ajouter que les consommateurs doivent prendre conscience de la situation alors que la consommation de poissons a doublé en France ces cinquante dernières années. « La surpêche qui détruit l'océan ne perdure que parce qu'en bout de chaîne, la demande existe » conclue l’association.