Pékin montre les muscles dans la guerre technologique et commerciale qui l’oppose à Washington. « Le régulateur chinois du cyberespace a annoncé dimanche que les produits du fabricant américain de semi-conducteurs Micron Technology ne répondaient pas aux critères de sécurité réseau et qu'ils seraient interdits aux opérateurs d'infrastructures clé. Cette décision, annoncée dans un contexte de tensions entre Pékin et Washington à propos des technologies à puce, pourrait concerner un éventail de secteurs allant des télécoms aux transports en passant par les finances. Dans un communiqué, l'administration chinoise du cyberespace (CAC) a indiqué qu'une analyse a démontré que "les produits Micron ont d'importants risques de sécurité réseau, ce qui pose de sérieux risques sécuritaires pour les chaînes d'approvisionnement des infrastructures d'informations essentielles chinoises" » résume Reuters.
La méthode correspond à celle qui est adoptée aux États-Unis et dans une moindre mesure en Europe concernant les services de Huaweï. Ces dernières années, pour des raisons stratégiques et face aux ambitions planétaires de la Chine, des contrats ou marchés ont été fermés aux groupes chinois pour des arguments officiels ou officieux de sécurité nationale « Micron a indiqué avoir été notifié des conclusions de l'examen de la CAC concernant ses produits vendus en Chine et a déclaré vouloir "continuer de dialoguer avec les autorités" à Pékin. Aucun détail n'a été fourni par la CAC sur les risques représentés par les produits Micron, ni sur les produits concernés par la mesure. Des analystes ont dit anticiper un impact réduit pour Micron, la majorité des clients du groupe américain en Chine étant notamment des producteurs de smartphones et d'ordinateurs, et non pas des fournisseurs d'infrastructures. Les Etats-Unis ont imposé par le passé des mesures de contrôle des exportations de puces vers la Chine et ont interdit à Yangtze Memory Technologies, rival de Micron, de se procurer certains composants américains » poursuit Reuters.
Traditionnellement tourné vers la France, le Qatar saisit l’opportunité de la crise géopolitique avec la Russie pour s’implanter en Allemagne. A quelques mois de la Coupe du monde qui était présenté comme l’apogée de sa puissance, le petit émirat a encore des cartes à jouer grâce à son statut d’exportateur de gaz. « L'Allemagne et le Qatar ont conclu un partenariat énergétique de long terme, a annoncé dimanche le porte-parole du ministère allemand de l'Economie, alors que la plus grande économie d'Europe cherche à réduire sa dépendance vis-à-vis des sources d'énergie russes. La Russie est le principal fournisseur de gaz de l'Allemagne et le ministre allemand de l'Economie, Robert Habeck, a lancé plusieurs initiatives visant à réduire la dépendance énergétique de son pays à l'égard des approvisionnements de Moscou depuis l'invasion russe en Ukraine » rapporte Reuters.
La pression est forte sur l’Allemagne qui est très dépendante du gaz russe. Une situation qui pousse le pays dans les bras de tout candidat lui permettant de compenser et de remplacer les importations russes : « L'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al Thani, a reçu dimanche Robert Habeck et les deux hommes ont discuté des moyens de renforcer les relations bilatérales entre leur deux pays, notamment dans le secteur de l'énergie, a indiqué le pays du Golfe dans un communiqué. Un porte-parole du ministère allemand de l'Economie a confirmé qu'un accord avait été conclu. "Les entreprises qui sont venues au Qatar avec Robert Habeck vont maintenant entamer des négociations contractuelles avec la partie qatarie", a déclaré le porte-parole. L'Allemagne a récemment annoncé son intention de construire deux terminaux d'importation de gaz naturel liquéfié (GNL). Le Qatar a ajouté avoir convenu avec l'Allemagne que "leurs entités commerciales respectives reprendraient le dialogue et feraient progresser les discussions sur les approvisionnements en GNL à long terme". »
Aucune donnée chiffrée n’a été révélée et les exportations qataries sont déjà intenses depuis des années. L’accord, bien qu’attendu, est loin de solder la crise de dépendance européenne, et en particulier de l’Allemagne.