Trois continents, trois résolutions. Jeudi 11 mai, le Parlement européen a adopté trois résolutions pour le respect des droits de l’homme dans trois pays : Algérie, Belarus et Myanmar. Un texte officiel a ensuite été publié, résumant les motivations et causes d’inquiétudes dans chaque pays.
En Algérie, c’est la liberté de la presse qui inquiète. « Le Parlement demande instamment aux autorités algériennes de libérer immédiatement toutes les personnes détenues arbitrairement et inculpées pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression, y compris le célèbre journaliste Ihsane El-Kadi, qui a été condamné en avril à une peine de cinq ans de prison et à de lourdes amendes pour des accusations infondées liées au fait qu'il aurait reçu des fonds pour "propagande politique" et "atteinte à la sécurité de l'État". El-Kadi a également reçu l'ordre de dissoudre sa société de médias », explique le Parlement.
« La résolution appelle les autorités algériennes à modifier les accusations liées à la sécurité dans le Code pénal utilisées pour criminaliser le droit à la liberté d'expression. La résolution dénote que, depuis les manifestations dites du Hirak en 2019, la situation de la liberté de la presse s'est considérablement dégradée en Algérie, les autorités bloquant de plus en plus de sites d'information et de publications critiques à l'égard du gouvernement », ajoute le texte.
Pour le Bélarus et le Myanmar, ce sont des décisions de répression des oppositions et de la vie démocratiques qui justifient les deux résolutions. « Le Parlement demande instamment aux autorités du Bélarus de faire cesser les mauvais traitements infligés à l'ancien candidat à la Présidence, Viktar Babaryka, et à d'autres prisonniers politiques. Le PE réclame leur libération immédiate et sans condition », pour le premier. Tandis que le second inquiète alors que la répression armée puis les procès politiques sont désormais accompagnés de la dissolution des partis politiques. « Les députés condamnent fermement le régime violent et illégitime de la junte militaire au Myanmar, qui a plongé le pays dans une crise humanitaire et des droits humains. Ils condamnent la récente décision de la Commission électorale de l'Union, nommée par les militaires, de dissoudre quarante partis politiques, d'arrêter et d'emprisonner des personnalités politiques, d'utiliser le viol comme une arme, ainsi que les frappes aériennes régulières de l'armée sur des cibles civiles », écrit le Parlement qui demande également à augmenter les aides humanitaires pour les réfugiés du Myanmar.
Les femmes en Algérie n’ont pas les mêmes droits devant la loi. « La responsabilité des violences commises contre les femmes sont imputées à la passivité de l'entourage de la victime, mais aussi aux services de sécurité et aux autorités judiciaires, qui privilégient souvent la voie de la réconciliation sans mesurer l'ampleur du danger. Le réseau Wassila, un collectif de militantes des droits humains, est confronté, depuis au moins deux décennies, aux violences infligées aux femmes généralement en milieu familial. Sociologue et militante des droits humains, Dalila Iamarène Djerbal livre son expérience avec les victimes et décrypte les causes d'un phénomène socialement déstabilisant » rapporte un communiqué de l’association.
Le texte s’appuie sur l’expérience de la militante qui compte en décennies son engagement pour les femmes en Algérie. On y apprend notamment que « les femmes sollicitent le réseau Wassila "surtout pour la violence des proches : dans la grande majorité des cas, ce sont des violences physiques qui ne vont pas sans violences psychologiques, menaces, violences sexuelles, humiliations, et même tentatives de meurtre. L'objectif premier de ces femmes est la survie, essayer de mener un semblant d'existence "normale", protéger les enfants, assumer les charges domestiques, travailler, c'est vital pour elles". » continue le texte.
« Le féminicide n'est pas un accident dans une vie, c'est un long processus de destruction des défenses psychologiques de la victime par des violences portées chaque jour, sans laisser de traces, une gifle, un coup de pied, une humiliation, des menaces de faire plus » avance la militante.
« Cette société qui en fait une mineure à vie dans la loi, ce qui détermine toute son existence et ses moyens d'autonomie, cette justice qui prend mieux en charge une victime d'accident de la route qu'une victime de violence humaine..." Les femmes en situation de détresse se rebellent parfois. Souvent, elles sont livrées, à nouveau, à leurs bourreaux, pieds et poings liés » continue le texte.