Il ne s’agit pas de logement d’urgence pour empêcher les personnes de passer la nuit dehors. A Rennes, la Fondation Abbé Pierre soutient deux petites structures de logement pérenne pour les personnes marginales. « Cela fait un peu plus d'un an que l'association « Saint Benoit Labre » accompagne une petite vingtaine de grands marginaux installés sur deux sites, le premier à Cesson où vivent 6 adultes avec leurs chiens et le second, à Rennes, où la maison comporte 7 chambres. « Nous pouvons accueillir jusqu'à 20 personnes, mais pour l'instant, seuls 13 habitants sont accompagnés sur site. Ce sont en très grande majorité des hommes seuls, avec leurs chiens, qui ne peuvent être accueillis dans aucun autre dispositif, y compris l'hébergement d'urgence », précise Nathalie Heinry, responsable du pôle insertion de l'association « Saint Benoit Labre ». À cela, plusieurs raisons : la présence d'animaux à leurs côtés, la difficulté à suivre des horaires contraints d'ouverture et de fermeture ainsi que les obligations en matière d'insertion. Ici, rien n'est imposé aux habitants » explique le communiqué de la Fondation.
L’approche à taille humaine est précieuse pour aider des personnes qui ont vécu dans la rue à nouer des relations sociales. « Plusieurs fois par semaine, une équipe pluridisciplinaire se met au service des habitants, d'abord au niveau collectif et peu à peu, dans une relation individuelle. En plus des fonctions support (restauration, ménage, gardiennage de nuit), deux travailleurs sociaux, une psychologue à mi-temps, un pair-aidant et un éducateur sportif interviennent sur les deux sites. Depuis un an, avec cet accompagnement complet couplé à la règle de non-violence, a apporté des premiers résultats tangibles : « On constate une réelle baisse des risques liés aux addictions. Les personnes vont mieux, elles retrouvent la capacité d'habiter en participant au ménage de la maison, en prenant mieux en charge les questions d'hygiène... et l'ambiance collective est bonne », complète Nathalie. Petit à petit, chacun des habitants exprime ses besoins. Pour l'un, la recherche d'un logement de droit commun ; pour un autre, un terrain où installer une caravane ou pour un troisième, la réparation d'un camion reprendre la route... Chaque projet de vie est pris en compte. »
La Fondation Abbé Pierre a une nouvelle fois utilisé l’humour noir pour alerter sur le sort des sans-abris. « Les pires dispositifs anti-SDF ont été ironiquement « récompensés », lundi 2 mars, par la Fondation Abbé Pierre (FAP). Parmi les récompenses aux intitulés décalés, le « Pic d’or du dispositif le plus décomplexé » a ainsi été remis à un rail de fer installé tout au long d’une bordure d’un jardin à Lyon, pour prévenir l’installation de sans-abri. Des poteaux en métal plantés dans l’entrée d’un immeuble du Xearrondissement de la capitale pour empêcher les SDF de s’abriter et baptisés « les champignons de Paris » ont, eux, remporté le « Pic du dispositif le plus agressif », dans la catégorie « Le clou » » rapporte Le Monde.
Cette soirée organisée au Théâtre de l’Atelier à Paris avec des prix remis par des humoristes, dont Guillaume Meurice et Blanche Gardin, est le terme d’une campagne de sensibilisation annuelle. L’organisation caritative a lancé un appel sur les réseaux sociaux pour que les personnes qui le souhaitent rapportent les installations anti-sdf les plus imaginatives. « Selon l’organisation, l’Etat, les collectivités, les entreprises, les commerçants ou encore les riverains usent de « moyens inhumains » pour empêcher les plus démunis de s’abriter et les « invisibilisent » en les éloignant des centres-villes et, finalement, des regards. « Ce n’est pas en recourant à ce type de dispositifs qui ne font que déplacer le problème qu’on le réglera », s’insurge Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre. « Il faut faire plus, tendre la main et apporter une réponse digne aux personnes à la rue », explique-t-il », dans des propos rapportés par l’AFP.
Uniquement à Paris, plus de 3 500 sans domiciles ont été recensés par la mairie à la fin du mois de janvier 2020. A l’échelle de la France, les associations estiment qu’il y aurait 250 000 personnes qui vivent dans la rue.