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les nombreux risques de glissements de terrain sous-marins à Nice

23/02/2018



Dans quelle mesure le glissement de terrain catastrophique de 1979 sur la pente niçoise peut-il se reproduire ? Un projet de recherche franco-allemand a démarré mi février pour tenter de répondre à cette question.



Source : Pixabay, image libre de droits
Source : Pixabay, image libre de droits
Ce nouveau projet de recherche, Modal, coordonné par l'Ifremer et son homologue le Marum, avec le soutien financier de l'Agence Nationale de la Recherche et de son équivalente allemande, porte sur une catégorie d'aléas dont l'étude est jugée prioritaire par la Stratégie Nationale pour la Mer et le Littoral (2017).

Le 16 octobre 1979, survenait un glissement de pente dans la zone aéroportuaire de Nice, provoquant un raz de marée, la rupture de câbles sous-marins dans le bassin et la mort de plusieurs personnes. Un événement de ce type est susceptible de se reproduire de nos jours. Le risque doit en être mieux évalué.

Les sédiments s'accumulent sur la plateforme peu profonde qui borde la zone littorale. Ces amas produisent, dans certaines conditions, des avalanches sous-marines qui dévalent la pente continentale jusque dans les plaines abyssales. Plusieurs facteurs sont à l'origine de ce phénomène : la sismicité importante dans cette région, les forts apports sédimentaires lors des crues du Var, les eaux souterraines qui se déchargent le long des aquifères côtiers et la présence de couches argileuses peu résistantes.

Un premier projet de recherche intitulé ISIS, coordonné par l'Ifremer de 2006 à 2008 et financé par l'ANR, avait permis de mieux comprendre l'origine du glissement de terrain de 1979, notamment le rôle prédominant des eaux souterraines, avec un pic de remplissage des nappes phréatiques justement au moment du glissement. Il avait aussi permis de circonscrire une zone instable et de suspecter qu'une déformation lente était toujours en cours.
 

Un outil de mesure inédit dans le domaine marin

« Quelle est la vitesse de cette déformation ? Peut-on quantifier le lien entre le niveau d'eau souterraine et le taux de déplacement de la pente ? Et à partir de quel niveau s'attendre à un glissement sédimentaire ? Quelle est la probabilité qu'un événement comparable à celui de 1979 se produise dans un futur proche ?

Le projet Modal répondra à ces questions », souligne Nabil Sultan, l'un des coordinateurs du projet et responsable de l'unité Géosciences marines à l'Ifremer ; notamment grâce à l'adaptation d'un outil de mesure inédit dans le domaine marin : l'inclinomètre.

La technique, couramment utilisée à terre, consiste à planter une sorte de lance verticale dans les sédiments. Les profondeurs de 50 m envisagées dans ce projet visent à traverser la couche fragile et s'enraciner dans une couche stable. L'inclinaison de la lance au cours du temps permet d'évaluer la vitesse de déformation de la couche fragile. Deux inclinomètres seront ainsi conçus et construits pour cet usage spécifique en fond de mer. Leur mise en place sera originale et très différente de ce qui se fait à terre : chacun sera préalablement enroulé sur un tambour d'environ deux mètres de diamètre puis redressé avant d'être poussé à la verticale dans le sédiment par le Penfeld, un engin de l'Ifremer spécialisé dans ce genre de déploiement. Les mesures ponctuelles ainsi obtenues par les deux inclinomètres seront complétées par une acquisition et une analyse récurrente bathymétrique sur l'ensemble du secteur étudié, apportant des informations spatiales complémentaires.

Ces deux inclinomètres seront raccordés à l'observatoire sous-marin EMSO Nice. Ils complèteront ainsi les données transmises en temps réel par 20 à 30 m de fond depuis 2015 par les instruments déjà présents : les trois piézomètres, qui donnent la pression dans les sédiments sur une profondeur allant jusqu'à 30 m, et le sismomètre large bande, qui mesure les mouvements du sol provoqués par les séismes proches ou lointains.






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