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Conférence de Varsovie : les ENR sur la sellette ?

La Rédaction
26/02/2014



La 19ème conférence mondiale sur le climat de Varsovie a été la scène de conflits d’intérêts majeurs. Une situation dont le développement des énergies renouvelables pourrait pâtir… alors même qu’il s’agit d’un des principaux leviers d’action pour réduire les gaz à effet de serre (GES), responsables du réchauffement climatique.



Photo : Mateusz Włodarczyk
Photo : Mateusz Włodarczyk

Décryptage d’un accord, obtenu de justesse

La conférence de Varsovie ne devait être qu’une conférence d’étape, destinée à préparer l’accord mondial sur le climat qui sera conclu à Paris en décembre 2015. Ce dernier devra mettre d’accord 190 pays autour de mesures contraignantes à adopter pour limiter le réchauffement climatique à 2°C à horizon 2100. Et il s’en est fallu de peu pour que ce rendez-vous intermédiaire ne bloque déjà la poursuite des négociations : le texte commun, plutôt timide, a finalement été adopté 24 heures après la clôture officielle de l’événement.

Un accord financier a minima a ainsi été trouvé entre pays industrialisés et pays en développement : les premiers se sont engagés à verser 100 milliards de dollars par an sur un Fonds vert à l’horizon 2020 pour aider les seconds. D’ici là, aucun engagement n’a été pris, au plus grand dam des pays en développement. La crise économique rend en effet les pays industrialisés frileux… au risque cependant de menacer leurs engagements écologiques. L’Agence internationale de l’énergie estime en effet qu’il faudra 5 000 milliards de dollars d'ici 2020, uniquement dans le secteur énergétique, pour tenir l’objectif des 2°C. Un investissement jugé nécessaire néanmoins, au regard de l’explosion du coût écologique et de la non durabilité des énergies fossiles.

Par ailleurs, de ces conclusions durement arrachées, il n’est sorti aucun engagement ni aucun objectif chiffré, contraignant ou simplement indicatif sur les réductions de GES. Il faut dire que, parallèlement au sommet, Climate Action Tracker a publié son bilan, indiquant que les pays pollueurs ne tiennent déjà pas les engagements qu’ils ont pris à Copenhague en 2009.

Les ENR, grandes oubliées ?

Mais les inquiétudes des observateurs se cristallisent surtout autour du sort fait aux énergies renouvelables. Organisée dans un pays qui produit plus de 90% de son énergie avec le charbon, responsable de la majeure partie des émissions de GES dans le monde, cette conférence a fait la part belle aux énergies fossiles, par la voix de la présidence polonaise, des entreprises sponsorisant l’événement… ou avec le sommet international du charbon organisé à quelques centaines de mètres ! A tel point que pour la première fois, les ONG ont claqué la porte des négociations : « la conférence de Varsovie a mis la défense des énergies du passé bien avant l’intérêt général des citoyens », ont-elles expliqué dans un communiqué commun, notamment par la voix de Tasneem Essop, Directrice Climat, et chef de la délégation du WWF à Varsovie.

Dans le même esprit, Jean-Michel Germa s’est indigné du fait qu’en marge de ce sommet, dix grands énergéticiens européens, GDF-Suez en tête, appellent à l’arrêt des subventions aux énergies renouvelables. Pour le fondateur de la Compagnie du Vent, qui fut dès le début des années 90 leader de l’éolien en France, et pionnière dans ce secteur industriel alors nouveau, cette action a des airs de « croisade », de la part de ceux qui « défendent leur position sur le marché de la production d’énergies fossiles ». En comparaison avec les autres sources d’énergie, les ENR sont en outre déjà à l’heure actuelle les parents pauvres des politiques de subvention énergétique. Or pour Jean-Michel Germa cette timidité des pouvoirs publics est dommageable. Il l’affirme : soutenir les énergies renouvelables va « dans le sens de l’histoire ».

D’ailleurs en 2011, plusieurs experts du GIEC, dont Ottmar Edenhofer, de l’Institut de Recherches sur les Impacts Climatiques de Postdam, concluaient formellement que « près de 80% de l’approvisionnement mondial en énergie pourrait être assuré par des sources d’énergies renouvelables d’ici au milieu de ce siècle, si l’effort est soutenu par des politiques publiques adéquates ». Dans ce scénario, l’objectif de contenir la hausse de la température en-deçà de 2°C au 21ème siècle serait tenu. C’est pourquoi la part belle faite aux énergies fossiles lors de ce sommet climatique a suscité bien des inquiétudes. Jean-Michel Germa rappelait pourtant récemment que « la transition énergétique est une tendance inéluctable. Nous y arriverons nécessairement en raison de la raréfaction des énergies fossiles et de la non-compétitivité de l’énergie nucléaire à niveau de sécurité acceptable. »

L’échéance de 2015 en ligne de mire

Si pour beaucoup la conférence de Varsovie, sauvée in extremis, fut globalement un échec, les regards et les espoirs se tournent désormais vers 2015 et l’accord de Paris, qui, lui, portera des mesures contraignantes. D’où cet appel de Célia Gautier, membre de la délégation du Réseau Action Climat pour les négociations climatiques de Varsovie : « Nous attendons que les entreprises […] qui promeuvent les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique… prennent la parole, notamment en amont de la conférence de Paris en 2015 ». Mais elle précise aussi que « malheureusement, celles-ci sont moins nombreuses, moins puissantes et moins écoutées que les multinationales de l’énergie fossile ».






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