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Culture d’entreprise : Casino adepte du « management bienveillant »

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20/03/2019



Le « management bienveillant », développé au sein du groupe Casino, a fait depuis des émules. Mais de quoi s’agit-il exactement ?



Les salariés français font grise mine, et il était temps de se pencher sur leur sort. En 2014, une étude menée par Win Gallup classait en effet la France au 62e rang (sur 63 !) concernant la « confiance en l’avenir ». Deux ans plus tard, Gallup a réalisé une autre étude de terrain, cette fois dans 17 pays, auprès de 12000 salariés. Résultat quasi similaire : la France est arrivée… bonne dernière.
 
Selon l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), le coût lié au stress en entreprise oscillerait entre deux et trois milliards d’euros par an. L’Organisation internationale du travail, elle, avance même un chiffre plus alarmant : le stress représenterait 3 à 4 points du PIB dans les pays industrialisés. En 2015, une étude de l’institut de formation Cegos tirait elle aussi la sonnette d’alarme : 53% des salariés et 68% des managers souffriraient de stress dans le cadre de leur travail. Les salariés – de France et d’ailleurs – ont donc clairement besoin d’un vrai remontant.
 
Quand bien-être individuel rime avec performance d’équipe
 
C’est à partir de ce constat que le Dr Philippe Rodet et Yves Desjacques ont cosigné leur ouvrage paru en 2017 chez Eyrolles, Le Management bienveillant. Le premier a été médecin urgentiste pendant 25 ans, il a publié Le Bonheur sans ordonnance en 2015, et dirige aujourd’hui le cabinet Bien-être en entreprise. Il s’intéresse particulièrement à la maîtrise du stress et à la promotion de comportements bienveillants. Le second a été directeur des ressources humaines du groupe Casino, avant d’être nommé fin 2017 directeur général adjoint du groupe La Poste, toujours en charge des ressources humaines. L’objectif du tandem médecin-entrepreneur est d’expérimenter une nouvelle manière de diriger l’entreprise, plus respectueuse de la personne humaine.
 
En effet, leur constat est simple : un salarié stressé est peu motivé, un salarié heureux l’est beaucoup plus. « Le contexte actuel fragilise les salariés, favorise le développement de pathologies liées au stress, altère le sens du travail et fragilise le désir de s’investir au service du bien commun, expliquait Yves Desjacques dans une interview au site focusrh.com en 2017. En dix ans, le pourcentage de collaborateurs victimes d’un haut niveau de stress est passé de 38 à 61%. Le manager doit repenser sa pratique pour favoriser les conditions du développement de la motivation des collaborateurs et, ainsi, favoriser le bien-être individuel et la performance collective. En période de crise, les salariés se sentent fragilisés et ont plus que jamais besoin de comprendre le sens de leur action. Le management bienveillant conjugue bien-être individuel et performance économique de l’entreprise. » Selon les deux auteurs, le « management bienveillant » devrait simplement faire partie de l’hygiène de vie quotidienne de tout un chacun.
 
Expérimentation réussie chez Casino
 
Depuis 2014, la direction des ressources humaines y a en effet mis en place un programme d’évaluation managériale et de formation de centaines de managers en suivant les recommandations du Dr Philippe Rodet, et d’un réseau de « bienveilleurs » dont la mission est de repérer les salariés en détresse. « L’objectif, est, d’une part, d’expliquer le mécanisme du stress et son impact sur chacun d’entre nous, et, d’autre part, de fournir aux managers les clés pour mieux accompagner leurs équipes », souligne Jean-Claude Delmas, DRH France du groupe Casino. Cette bienveillance de la part de la hiérarchie doit aussi s’accompagner de deux facteurs essentiels : le remerciement et la gratification. Selon les deux auteurs, il est important que les salariés puissent s’approprier une part du succès avant de « cultiver leur optimisme ».
 
Dès 2015, le groupe Casino – fer de lance de la région stéphanoise – s’est même lancé dans l’enseignement du « management bienveillant » à l’université Jean Monet de Saint-Etienne. L’Institut d’administration des entreprises (IAE) a en effet intégré un module au sein de son Master 2 en Management du commerce et de la distribution, en collaboration avec le groupe Casino. Les deux premières années, plus de 4500 managers du groupe Casino Guichard-Perrachon (qui réunit Casino, Géant Monoprix, Franprix, Leader Price, Vival, Spar, Sherpa et Cdiscount pour le marché français) ont été formés. « Il y a vingt ans, il pouvait être tentant de chercher de la performance par le stress, car les facteurs de protection de la population étaient élevés, se souvient le Dr Philippe Rodet. Aujourd'hui, ces barrières s'étant effondrées, seule la diminution du niveau de stress permettra d'atteindre du résultat. » Et permettra de cultiver à nouveau l’optimisme.







1.Posté par adrien le 13/08/2019 11:53
Les attitudes émotionnelles favorisant un mode de leadership « absorbeur d’anxiété » sont des ressources importantes pour la bienveillance dans l'entreprise : le " toxic handler " est un des éléments de l'amélioration de la résilience au travail, mais pas le seul : voir quelques éléments en complément dans » Le développement de la résilience au travail » :http://www.officiel-prevention.com/protections-collectives-organisation-ergonomie/psychologie-du-travail/detail_dossier_CHSCT.php?rub=38&ssrub=163&dossid=528

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