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Le changement climatique, la politique et l’opinion publique

Sébastien Arnaud
03/05/2021



La politique est le point de force entre les contingences et les expressions de l’opinion publique. De ce point de vue la question du changement climatique est un cas d’école. L’urgence formulée ne semble pas trouver d’écho dans l’opinion.



Creative Commons - Pixabay
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La lutte contre le réchauffement climatique, combien de divisions ? Ou plutôt combien de suffrages. En caricaturant, on pourrait dire qu’avec cette simple interrogation tout le paradoxe du sujet est souligné. En cherchant plus de nuances, on pourrait s’appuyer sur une tribune publiée par Le Monde. « En moyenne, sur 30 pays sondés, 31 % des personnes interrogées estiment que leur gouvernement a un plan clair pour faire face aux conséquences du dérèglement climatique. Mais l’opinion du pays hôte de l’accord de Paris ne le pense qu’à 24 % ! En revanche, 44 % des Français souhaitent un plus grand engagement du gouvernement sur cette question suite à la crise du Covid, qui renforce ce sentiment d’urgence, contre 35 % en moyenne pour les 30 pays consultés », écrit Rodolphe Durand, professeur à HEC. 
 
Une fois de plus les éléments que l’auteur avance sont basés sur des enquêtes d’opinion. Ces photographies d’un instant, depuis un angle limité, que l’on est souvent tentés de brandir comme un argument d’autorité. Mais cette fois, Rodolphe Durand pousse plus loin que le seul sondage des envies des sondés sur des actions en faveur de la lutte contre le réchauffement. Il interroge la hiérarchie des priorités en se penchant sur la proportion de ceux qui sont prêts aux conséquences de politiques volontaristes : « à la question de savoir s’il va modifier son comportement dans une optique favorable à la planète, le Français se place systématiquement entre 6 et 12 % en dessous de la moyenne des autres pays. Obstinément, l’opinion tricolore apparaît ne pas vouloir changer ses habitudes, alors qu’elle aspire plus que d’autres pays à ce que ces questions soient traitées par son gouvernement. »
A ce qui semble être un paradoxe, l’auteur propose de de mettre le paquet sur l’éducation. « Le monde de l’enseignement, du primaire au supérieur, les médias dans leur ensemble et, au-delà, les acteurs mêmes de la vie économique du pays ont un rôle à jouer pour rapprocher la réalité de l’ambition et lutter contre le désenchantement propagé par la crise du Covid, l’attentisme et le pessimisme qui ankylosent notre pays » ose-t-il. Or le « désenchantement » n’est pas une opinion mais la conséquence d’une succession de crises. Et jusqu’ici la lutte contre le réchauffement climatique n’a pas prouvé aux premiers concernés qu’elle pouvait contribuer à résoudre les problèmes urgents du quotidien. La politique n’a pas vocation à changer l’opinion publique, mais servir en fonction d’elle et des contingences.






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