RSE Magazine
 
RSE Magazine
Accueil
Envoyer à un ami
Version imprimable
Partager

La vision libérale, « non punitive » et anti décroissance de l’écologie de Nicolas Bouzou

Sébastien Arnaud
19/10/2016



Dans une tribune publiée dans les colonnes du Figaro, Nicolas Bouzou affirme qu’il existe une vision libérale, opposée à la décroissance et non coercitive de l’écologie. Une position intéressante qui montre que la discussion sur la protection de l’environnement a évolué. Grâce à un consensus sur le constat, c’est désormais les moyens qui sont débattus.



ILD
ILD
« Longtemps, le réflexe des intellectuels libéraux et des politiques de droite a été de nier le réchauffement climatique et ses causes humaines. La plupart d'entre eux voyaient dans l'écologie politique la simple re-colorisation, du rouge au vert, des idées socialistes de Mai 68 » commence Nicolas Bouzou dans une tribune publiée par Le Figaro. L’essayiste jette un pavé dans la marre avec ce texte qui montre que les lignes se sont déplacées. D’une opposition simpliste entre écologistes et libéraux, les débats environnementaux ont beaucoup évolué ces dernières années. Alors que le constat est beaucoup plus consensuel, c’est sur les moyens que les discussions se focalisent.
 
C’est là que Nicolas Bouzou avance une analyse différente. « Notre objectif collectif est donc bien de réduire rapidement et drastiquement les émissions de CO2 en évitant deux écueils: le socialisme écologique et la décroissance. La planification écologique est vouée à l'échec: l'État ne peut pas mieux faire que subventionner des filières à l'aveugle, engageant l'argent du contribuable, dans la production de panneaux photovoltaïques, dans l'éolien sur terre, ou en mer, ou sous l'eau… » avance-t-il. En libéral il abonde : «  On me répondra que le marché ne sait pas mieux que l'État. C'est vrai mais le marché, atomisé par nature, disperse les erreurs, là où l'État les concentre. Quant à la décroissance, elle est tout simplement contraire à ce que nous sommes en tant qu'humains. Depuis 200.000 ans,Homo sapiens épargne, investit, réalise des gains de productivité pour améliorer sa condition matérielle. La croissance est inscrite dans sa nature. Prétendre que l'on résoudra nos problèmes écologiques en refaisant le chemin en arrière, du papier vers l'arbre, est un contresens anthropologique. »
 
Que l’on soit d’accord ou non sur ces principes libéraux, ils ont au moins le mérite de montrer que l’objectif est le même pour tous. Reste maintenant à évaluer l’impact environnemental de la main invisible.
 
Lire ici en intégralité la tribune de Nicolas Bouzou sur le site du Figaro







1.Posté par Alex le 20/10/2016 12:19
Rien de très nouveau dans les propos de N. Bouzou: les libéraux (chercheurs) occupent le terrain de l'environnement depuis les années 1970 (Arrow, Solow, Hartwick pour ne citer qu'eux). Il s'agit donc d'un simple transfert d'idées des chercheurs vers les politiques, les média, la société civile, etc.
De même, depuis au moins les années 1980, l'approche libérale de l'environnement (et non de l'écologie, qui ne se réduit pas à la simple question environnementale) a été débattue et confrontée à ses impasses écologiques, justement.
Par ailleurs, N. Bouzou, comme beaucoup d'individus, ne comprend pas ce qu'est la décroissance: il ne s'agit pas de décroître à tous les niveaux mais déjà, de faire décroître le PIB (qui est un indicateur dépassé) pour obtenir une croissance d'autres indicateurs sociaux et environnementaux.
Le point clé est que pour les libéraux la croissance au sens socio-économique, mesurée par le PIB, génère mécaniquement des améliorations sociales et environnementales (hypothèse de Kuznets), alors que pour les décroissants et la plupart des écologistes, ce lien n'est pas mécanique et inversement, la croissance du PIB est une cause des problématiques de soutenabilité.
Après, l'argument anthropologique utilisé par N. Bouzou est faux et est contredit par l'ensemble de l'anthropologie contemporaine. Il y a eu un débat très virulent durant le 20e siècle entre anthropologues pour savoir si notre mode de développement actuel était comparable à celui des préModernes. Notamment, à la suite des présupposés (faux) de A. Smith, le débat s'est concentré sur la question de la croissance, des marchés, de la monnaie, etc. La conclusion est sans appel: les modes d'existence des préModernes sont totalement incomparables avec le nôtre. A titre d'exemple, les Assyriens ont fixé les taux d'intérêt (taux fixés par les Palais) à un niveau très bas pendant un millénaire; ils avaient un système d'effacement cyclique des dettes agricoles mais pas des dettes commerciales; ils avaient un système développé de comptabilité dont la finalité était de stabiliser les prix; etc.
Bref, N. Bouzou ferait mieux de revoir sa copie et se renseigner un peu. En tout cas, ça ne vaut pas vraiment un article sur ce site il me semble. Il serait plus intéressant d'aller voir ce qui se dit du côté de l'économie anthropologique par exemple, qui traite de plus en plus d'écologie (par exemple, comme T. Ingold) et qui arrive à des conclusions directement opposées à celles des libéraux.

Nouveau commentaire :
Facebook Twitter