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Contrebandes d’Art, l’éclairant itinéraire d’une œuvre volée

Sébastien Arnaud
29/10/2020



L’Unesco raconte l’histoire d’une stèle funéraire qui date du IVème Siècle avant Jésus Christ. Volée puis mise en vente par Sotheby’s avant que, de longs mois plus tard, elle soit restituée à la Grèce.



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Chronologie éclairante que nous propose l’Unesco. En laissant Christos Tsirogiannis, archéologue et expert judiciaire sur les questions de trafics raconter l’itinéraire d’une œuvre volée on en apprend plus qu’avec des discours. 

 

«En mai 2017, Sotheby's, la maison d'enchères internationale, met en ligne le catalogue d'une vente d'antiquités devant se tenir à Londres un mois plus tard. Dans un des lots se trouve la partie supérieure d'une stèle funéraire grecque en marbre ornée d'une palmette et d'une inscription fragmentaire portant le début du nom masculin grec EETI AIOI Datée du milieu du IVe siècle avant J.-C., elle est estimée entre 60 000 et 90 000 livres sterling, et le nom de l'expéditeur n'est pas mentionné. Le catalogue de Sotheby's indique comme « provenance » de la stèle « John Hewett, Bog Farm, Kent, années 1960 » et mentionne dans une note l'origine grecque de la stèle, notamment près d'Athènes, dans la région de l'Attique » raconte le spécialiste. 

Or, il s’agit d’une œuvre volée issue du butin de trafiquants d’arts arrêtés entre 1995 et 2006. « Ayant moi-même participé en tant qu'archéologue à la dernière de ces opérations de police, menée en 2006 par les autorités grecques, j'ai reconnu la stèle sur plusieurs polaroïds et images professionnelles provenant des archives confisquées chez Becchina, le célèbre négociant italien condamné pour implication dans le trafic illicite d'antiquités. Ce fut pour moi le début de longs efforts, visant à identifier, réunir les preuves permettant de reconstituer sa véritable provenance, informer les autorités et finalement rendre possible le retour au pays de cette antiquité volée. Pour identifier les objets, oeuvrer à leur rapatriement et ouvrir de nouveaux procès contre les différents acteurs impliqués dans ce trafic, j'ai été officiellement autorisé à accéder entre autres à ces trois archives. »

Ont suivi des efforts surhumains pour parvenir à démontrer que la provenance avait été masquée. Et détricoter les affirmations fermes de Sotheby’s jusqu’à obtenir en 2018 le rapatriement de la stèle en Grèce. « L’affaire s'est finalement bien terminée, mais elle met en lumière l'implication de membres parmi les plus « réputés » du marché des antiquités et souligne la nécessité d'actualiser la législation dans les pays dits « de marché ». À l'avenir, il faut que les différentes autorités concernées puissent agir de façon plus coordonnée et plus rapide afin d'éviter que la prochaine stèle volée ne mette autant de temps à retrouver son pays d'origine » conclue l’archéologue.







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