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Chiffres douaniers : quand le pétrole creuse le déficit commercial français

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29/04/2013



Après un mois de juillet exceptionnel comparé au mois précédent, le déficit commercial de la France se dirige à nouveau vers un record. Depuis le début de l'année, le déficit commercial n'a jamais été en dessous de 5 milliards d'euros, sauf en juillet, où il dépassait de peu les 4 milliards. Aussi, le déficit de 5,286 milliards enregistré en aout confirme la dégradation accélérée de la balance commerciale. En cause, l'augmentation des importations d'énergie et une faible productivité à l’export.



Accroissement du déficit commercial français

En octobre dernier, les Douanes françaises publiaient leurs chiffres du mois d'aout, révélant sans grande surprise un déficit commercial en forte hausse. Bien que le déficit commercial de juillet était inférieur à celui du mois de juin et que les plus optimistes pouvaient laisser croire que la tendance baissière aurait pu se poursuivre (le déficit commercial français a toujours été supérieur à 5 milliards), il était à prévoir que les chiffres du mois d'aout rejoignent ceux des mois précédents juillet. Ainsi, les chiffres portant sur la santé du commerce français ont atteint 5,286 millions d'euros de manque à gagner en aout dernier, ce qui le porte à 45,613 milliards d'euros par mois comparé à l'an dernier sur la même période. Mais la dégradation de la balance commerciale ne laisse pas présager que le déficit commercial de cette année demeurera inférieur à celui de l'année dernière. En effet, certains économistes voient cette valeur estimative plonger vers les 60 milliards d'ici la fin 2012, alors qu'il était de 51 milliards, fin 2011. Il faut dire que le déficit extérieur du premier semestre 2012 a littéralement explosé pour atteindre 37,5 milliards d'euros. Cette tendance s’explique notamment par la forte augmentation des importations d’énergies.

Crédit: FreeDigitalPhotos
Crédit: FreeDigitalPhotos

Le pétrole pèse lourd dans le déficit commercial français

Quelques jours avant la publication des chiffres de la douane française, la ministre du Commerce extérieur Nicole Bricq expliquait les raisons de la dégradation du déficit commercial. Selon elle, la chute des chiffres du mois d'aout dernier est essentiellement due à un rebond du prix du pétrole et à un phénomène de rattrapage des achats de produits pétroliers raffinés qui avaient fortement diminué en juillet. L'augmentation simultanée des volumes importés et des prix a ainsi conduit à un bond de 600 millions d'euros. D’autre part, alors que le déficit commercial de juillet était amoindri par les bonnes performances du secteur aéronautique, le mois d’aout n’a pas profité des mêmes retombés. Au mois de juillet en effet, Airbus exportait 28 appareils pour un montant de 2,303 milliards d'euros, alors que le consortium n’a exporté que 18 appareils en août pour un montant de 1,646 milliard d'euros. Soit un manque à gagner de 657 millions comparés au mois de juillet qui, ajouté au bond de 600 millions lié au rattrapage des achats, a augmenté le déficit de 1,257 milliards d’euros. Il s’agit approximativement de la différence entre le déficit du mois de juillet et du mois d’aout. La facture du pétrole a donc pesée lourd dans le déficit commercial du mois d’aout, presque la moitié. L’autre partie de ce manque à gagner revient aux performances à la baisse du secteur aéronautique qui toutefois restent très bonnes pour un mois d’août. Un point rassurant est aussi à considérer, la hausse des exportations des écoproduits.

Les exportations d’écoproduits se portent bien

La balance commerciale des écoproduits a dégagé un excédant de 391 millions d'euros en 2011. Même si certains spécialistes estiment que cet excédant ne durera pas, la tendance reste haussière en 2012. La Douane a d'ailleurs publié un rapport en octobre dernier qui confirme cette hausse avec une forte augmentation des échanges de produits verts en milieu d'année. Un bon point donc pour réduire le déficit commercial du pays qui ne peut reposer que sur le secteur aéronautique. Cependant, la balance commerciale des écoproduits n'a cessé de décliner entre 2006 et 2010, et son solde positif actuel de 391 millions d’euros est loin d'égaler les 2,1 milliards d'euros enregistrés en 2006. Il existe donc un potentiel de croissance important dans ce domaine bien qu’il faille du temps pour revenir au niveau de 2006. Une telle prouesse permettrait de réduire significativement le déficit commercial français, mais ne pourra être réalisée que par une amélioration de la productivité. Au niveau du traitement des déchets par exemple, les déchets recyclés représentent 59 % des exportations des écoproduits. Le besoin de productivité est encore plus grand en ce qui concerne les produits liés aux énergies renouvelables, car ces derniers s'exportent très peu alors que le marché est en pleine expansion. Ces produits représentent seulement 11 % des exportations d’écoproduits. Ainsi, que ce soit au niveau de l'export des écoproduits ou pour tout autre produit, la santé économique à l'export doit être améliorée.

Nicole Bricq veut améliorer la productivité à l'export.

Face à la performance des Allemands en matière d'exportation, la France a de quoi être jalouse. Un sentiment que Nicole Bricq ne laisse pas transparaitre, mais qui est bien présent dans le ton de la ministre du Commerce extérieur. Cette dernière entend bien redresser la barre pour ne plus faire profil bas face à une Allemagne qui dégageait un excédent commercial de 18,3 milliards d'euros en août dernier. Elle a ainsi rappelé à plusieurs reprises, et dernièrement sur LCI, que l'une de ses priorités était d'améliorer la compétitivité de la France à l'export. Pour y arriver, elle s'est hâtée de commencer un travail de réflexion avec le premier ministre et espère à court terme que la facture du commerce extérieur pourra être équilibrée. L'importation des énergies reste malgré tout un foyer de dépense important et une meilleure productivité à l'export ne permettra surement pas un plein équilibre. Surtout que face à la raréfaction des ressources fossiles et à l'augmentation constante du prix du baril de pétrole, la facture risque de s'alourdir davantage. En attendant une meilleure productivité à l’export, c’est donc sur l’aéronautique et sur l’export des écoproduits que repose l’équilibre de la balance commerciale française.






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