Anthropologues, médecins, et philosophes accordent tous au sens de la vue un rôle prépondérant sur tous les autres sens (1). En conséquence, la société s’est adaptée – au travers de ses politiques, de ses comportements, de ses infrastructures – à cette donne : les déficients visuels s’en trouvent donc aux prises avec une somme considérable de difficultés. Lorsque la vue est basse, ou que l’on est aveugle, vivre à la campagne, où le déplacement automobile relève presque d’une nécessité, n’est pas même envisageable : le réseau des transports en commun, la proximité des commerces, ou encore les services publics et associatifs, rendent l’espace urbain un tant soit peu moins inconfortable. La vie citadine n’est pas, pour autant, la panacée – loin s’en faut : les équipements restent de toute façon conçus, dans l’immense majorité des cas, par et pour des personnes ne souffrant d’aucun handicap visuel notoire (2). Effrayées ou incapables de sortir, les personnes ayant des problèmes de vue s’isolent et, pour tout ce qui peut leur être nécessaire, dépendent des autres.
Optique, isolement et dépendance : briser le cercle vicieux
Bien souvent, une mauvaise vision peut être corrigée, limitant ainsi drastiquement le nombre d’individus faisant face à ces difficultés. A cet égard, il est primordial de briser le cercle vicieux suivant : pour sortir, un dispositif correcteur de la vue (lunettes ou lentilles) est nécessaire ; mais, pour obtenir un tel dispositif, il est nécessaire de sortir. C’est précisément à briser ce cercle qu’Optic 2000 s’emploie grâce à son service d’ « Optique à domicile » (3). L’entreprise, leader sur le marché de l’optique, compte 1200 enseignes réparties sur tout le territoire (4). Non contente de cet étroit maillage, cette coopérative déploie depuis 2018 de nouvelles ramifications en faisant se déplacer ses opticiens chez ses clients. Après une simple prise de rendez-vous par téléphone ou par internet, un opticien se déplace, gratuitement, au domicile des personnes, et ce dans un rayon de quinze kilomètres autour de chaque magasin : une première fois pour présenter un échantillon de produits susceptible, d’après les termes de la conversation téléphonique préalable, de plaire au commanditaire de l’opération – échantillon qui, apparemment, n’aurait que peu à envier à celui que l’on peut trouver en boutique ; une seconde fois pour apporter le produit choisi, peaufiner les éventuels derniers réglages, et présenter la facture au client, lequel ne paiera que le produit, et non le service à domicile.
Si l’enseigne ne peut se déclarer précurseur en la matière, puisque les Opticiens Mobiles (réseau national d’opticiens itinérants) fut créé en 2014, le fonctionnement d’Optic 2000 ne s’en distingue pas moins, en ce que c’est la coopérative elle-même qui a intégré ce service à l’ensemble de ceux qu’elle proposait déjà dans ses boutiques, et qu’elle atteint un très grand nombre de bénéficiaires : non seulement par le nombre et la répartition de ses magasins mais aussi, et peut-être surtout, du fait de son ancienneté et de sa notoriété (5). Car, pour rompre l’isolement des personnes, encore faut-il que celles-ci soient instruites des services qui sont à leur disposition ; son rôle de leader sur le marché prédisposait Optic 2000, bien identifié et connu des différents publics, à sensibiliser ces derniers à l’émergence de nouveaux services à domicile.
Or, l’enjeu de société est d’autant plus considérable que la population française vieillit : d’après les projections de l’INSEE, un Français sur quatre sera âgé de 65 ans et plus en 2040. 90% des personnes âgées portent des lunettes ou des lentilles (6) ; en 2018, on estimait à 40% la proportion de personnes dont les corrections visuelles étaient mal adaptées à leur trouble (7), sans doute faute d’aller assez souvent à la rencontre des opticiens. En comparaison, au point de vue démographique, le nombre de jeunes tend, au contraire, à diminuer ; cette classe d’âge souffre néanmoins d’une « épidémie de myopie » galopante et imputable, notamment, à l’utilisation exponentielle des écrans (8). La plupart du temps, une myopie affectant un enfant résultera en troubles de la vision au moins aussi handicapants à l’âge adulte. C’est donc une très grande partie de la population, en augmentation permanente, qui se trouve concernée par l’optique.
Une offre d’intérêt général
Optic 2000 aborde donc le problème en offrant, finalement, un accès équitable à l’optique pour tous les Français, quelle que soit leur situation. En cela, la démarche de l’enseigne complète les services de ses concurrents mais, surtout, de l’État et des associations (telles que l’Association Valentin Haüy). Rompu le temps du passage de l’opticien au domicile du client, qui discutera sans doute volontiers avec le professionnel de santé, l’isolement l’est aussi grâce à l’apport de solutions oculaires qui permettent au porteur de lunettes de se mouvoir, et donc de sortir, avec plus d’aisance ; ceci est d’autant plus vrai depuis le 1er Janvier 2020, date à partir de laquelle il était désormais possible d’acquérir des dispositifs correcteurs de la vue intégralement remboursés. Lassés de dépendre sans cesse d’autres personnes pour accomplir jusqu’aux plus basiques (pour ne rien dire des plus intimes) actions, les bénéficiaires du service à domicile d’Optic 2000 peuvent donc recouvrer une autonomie indispensable et que, pourtant, l’évolution de notre société tend à raréfier. On peut imaginer, de même, qu’un opticien appelé au domicile d’une personne connaissant de graves difficultés sera capable, le cas échéant, de signaler la situation. D’ailleurs, parmi ses offres de lunettes, Optic 2000 propose désormais des montures capables de détecter dans 75 % des cas au moins les chutes affectant les personnes qui les portent, et qui déclenchent une alerte automatique destinée à un service de téléassistance, aux proches de la victime de l’accident domestique, ou encore à des secours d’urgence (9). Or, le vieillissement inéluctable de la population causera tout aussi irrémédiablement l’augmentation de ces chutes, parfois dramatiques en ce qu’elles laissent au sol une personne inconsciente et souffrant d’une hémorragie ou d’une fracture.
Les intérêts d’Optic 2000 peuvent bien être d’ordre principalement financier, le lunetier décelant ainsi les tendances du marché afin de conquérir des clients en nombre toujours plus élevé, il n’en reste pas moins vrai que son service à domicile, salué d’ailleurs par le prix LSA de l’innovation en 2019, apporte un nouveau souffle de vie à des personnes potentiellement en souffrance, et que le fonctionnement des structures publiques ou associatives ne soulage pas encore. En ce sens, tout se passe comme si, tendant à satisfaire son intérêt particulier, Optic 2000 servait l’intérêt général – et c’est sans doute tant mieux.
Optique, isolement et dépendance : briser le cercle vicieux
Bien souvent, une mauvaise vision peut être corrigée, limitant ainsi drastiquement le nombre d’individus faisant face à ces difficultés. A cet égard, il est primordial de briser le cercle vicieux suivant : pour sortir, un dispositif correcteur de la vue (lunettes ou lentilles) est nécessaire ; mais, pour obtenir un tel dispositif, il est nécessaire de sortir. C’est précisément à briser ce cercle qu’Optic 2000 s’emploie grâce à son service d’ « Optique à domicile » (3). L’entreprise, leader sur le marché de l’optique, compte 1200 enseignes réparties sur tout le territoire (4). Non contente de cet étroit maillage, cette coopérative déploie depuis 2018 de nouvelles ramifications en faisant se déplacer ses opticiens chez ses clients. Après une simple prise de rendez-vous par téléphone ou par internet, un opticien se déplace, gratuitement, au domicile des personnes, et ce dans un rayon de quinze kilomètres autour de chaque magasin : une première fois pour présenter un échantillon de produits susceptible, d’après les termes de la conversation téléphonique préalable, de plaire au commanditaire de l’opération – échantillon qui, apparemment, n’aurait que peu à envier à celui que l’on peut trouver en boutique ; une seconde fois pour apporter le produit choisi, peaufiner les éventuels derniers réglages, et présenter la facture au client, lequel ne paiera que le produit, et non le service à domicile.
Si l’enseigne ne peut se déclarer précurseur en la matière, puisque les Opticiens Mobiles (réseau national d’opticiens itinérants) fut créé en 2014, le fonctionnement d’Optic 2000 ne s’en distingue pas moins, en ce que c’est la coopérative elle-même qui a intégré ce service à l’ensemble de ceux qu’elle proposait déjà dans ses boutiques, et qu’elle atteint un très grand nombre de bénéficiaires : non seulement par le nombre et la répartition de ses magasins mais aussi, et peut-être surtout, du fait de son ancienneté et de sa notoriété (5). Car, pour rompre l’isolement des personnes, encore faut-il que celles-ci soient instruites des services qui sont à leur disposition ; son rôle de leader sur le marché prédisposait Optic 2000, bien identifié et connu des différents publics, à sensibiliser ces derniers à l’émergence de nouveaux services à domicile.
Or, l’enjeu de société est d’autant plus considérable que la population française vieillit : d’après les projections de l’INSEE, un Français sur quatre sera âgé de 65 ans et plus en 2040. 90% des personnes âgées portent des lunettes ou des lentilles (6) ; en 2018, on estimait à 40% la proportion de personnes dont les corrections visuelles étaient mal adaptées à leur trouble (7), sans doute faute d’aller assez souvent à la rencontre des opticiens. En comparaison, au point de vue démographique, le nombre de jeunes tend, au contraire, à diminuer ; cette classe d’âge souffre néanmoins d’une « épidémie de myopie » galopante et imputable, notamment, à l’utilisation exponentielle des écrans (8). La plupart du temps, une myopie affectant un enfant résultera en troubles de la vision au moins aussi handicapants à l’âge adulte. C’est donc une très grande partie de la population, en augmentation permanente, qui se trouve concernée par l’optique.
Une offre d’intérêt général
Optic 2000 aborde donc le problème en offrant, finalement, un accès équitable à l’optique pour tous les Français, quelle que soit leur situation. En cela, la démarche de l’enseigne complète les services de ses concurrents mais, surtout, de l’État et des associations (telles que l’Association Valentin Haüy). Rompu le temps du passage de l’opticien au domicile du client, qui discutera sans doute volontiers avec le professionnel de santé, l’isolement l’est aussi grâce à l’apport de solutions oculaires qui permettent au porteur de lunettes de se mouvoir, et donc de sortir, avec plus d’aisance ; ceci est d’autant plus vrai depuis le 1er Janvier 2020, date à partir de laquelle il était désormais possible d’acquérir des dispositifs correcteurs de la vue intégralement remboursés. Lassés de dépendre sans cesse d’autres personnes pour accomplir jusqu’aux plus basiques (pour ne rien dire des plus intimes) actions, les bénéficiaires du service à domicile d’Optic 2000 peuvent donc recouvrer une autonomie indispensable et que, pourtant, l’évolution de notre société tend à raréfier. On peut imaginer, de même, qu’un opticien appelé au domicile d’une personne connaissant de graves difficultés sera capable, le cas échéant, de signaler la situation. D’ailleurs, parmi ses offres de lunettes, Optic 2000 propose désormais des montures capables de détecter dans 75 % des cas au moins les chutes affectant les personnes qui les portent, et qui déclenchent une alerte automatique destinée à un service de téléassistance, aux proches de la victime de l’accident domestique, ou encore à des secours d’urgence (9). Or, le vieillissement inéluctable de la population causera tout aussi irrémédiablement l’augmentation de ces chutes, parfois dramatiques en ce qu’elles laissent au sol une personne inconsciente et souffrant d’une hémorragie ou d’une fracture.
Les intérêts d’Optic 2000 peuvent bien être d’ordre principalement financier, le lunetier décelant ainsi les tendances du marché afin de conquérir des clients en nombre toujours plus élevé, il n’en reste pas moins vrai que son service à domicile, salué d’ailleurs par le prix LSA de l’innovation en 2019, apporte un nouveau souffle de vie à des personnes potentiellement en souffrance, et que le fonctionnement des structures publiques ou associatives ne soulage pas encore. En ce sens, tout se passe comme si, tendant à satisfaire son intérêt particulier, Optic 2000 servait l’intérêt général – et c’est sans doute tant mieux.
- https://www.observatoire-groupeoptic2000.fr/actions-sante-groupe-optic2000/initiatives-sante-groupe-optic-2000/les-opticiens-optic-2000-se-deplacent-maintenant-a-domicile/
- https://www.marianne.net/societe/aveugles-et-malvoyants-ces-invisibles-de-toujours-aux-yeux-des-politiques
- https://www.observatoire-groupeoptic2000.fr/actions-sante-groupe-optic2000/initiatives-sante-groupe-optic-2000/les-opticiens-optic-2000-se-deplacent-maintenant-a-domicile/
- https://www.optic2000.com/1er-reseau-d-opticiens-en-france
- https://www.speedylife.fr/La-creation-d-une-marque-mythique-le-cas-Optic-2000_a869.html
- https://fr.statista.com/statistiques/1045290/porteurs-lunettes-age-france/
- https://presse.inserm.fr/les-personnes-agees-ne-porteraient-pas-de-lunettes-adaptees-a-leur-vue/32887/
- https://www.letemps.ch/sciences/bientot-myopes#:~:text=2%2C6%20milliards%20de%20myopes&text=Ainsi%20en%202020%2C%20plus%20de,myopie%2C%20prévient%20l'OMS.&text=Une%20augmentation%20qui%20ne%20s,dans%20cette%20classe%20d'âge
- https://www.bfmtv.com/economie/replay-emissions/check-up-sante/check-up-sante-samedi-7-novembre_VN-202011070110.html