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Chez Vicat, Jean-Vincent Placé en immersion dans la filière ciment-béton

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08/02/2017



Béton et ciment étaient à l’ordre du jour pour Jean-Vincent Placé, Secrétaire d’État en charge de la réforme de l’État et de la simplification, lors d’un déplacement en Isère. Accueilli vendredi dernier par le groupe Vicat et son PDG Guy Sidos, Jean-Vincent Placé a pu observer la contribution du groupe français à l’économie locale et ses engagements en matière de développement durable.



La visite pourrait sembler incongrue de la part d’un ancien pilier d’EELV. Dans l’imaginaire collectif, le béton et le ciment ne sont pas forcément ce qui vient en premier à l’esprit lorsqu’on évoque les questions de responsabilité sociale et environnementale. Et pourtant, c’est bien dans cette optique que Jean-Vincent Placé, aujourd’hui Secrétaire d’État en charge de la réforme de l’État et de la simplification, s’est rendu en Isère le 3 février dernier à la rencontre du groupe cimentier Vicat. De la carrière de Mépieu, aux laboratoires de R&D de L’Isle d’Abeau, en passant par la cimenterie de Montalieu, le groupe Vicat a tenu à démontrer au secrétaire d’Etat la teneur concrète de ses engagements et réalisations en matière de développement durable et d’économie circulaire.

Cimenterie de Montalieu (Vicat)
Cimenterie de Montalieu (Vicat)

Un ancrage territorial fort

Le groupe français Vicat, entreprise familiale depuis 160 ans, n’est pas vraiment un nouveau venu dans le ciment. Dans le sillage de Louis Vicat, inventeur du ciment artificiel il y a deux siècles et « préférant la gloire d’être utile à celle d’être riche », le groupe Vicat compte aujourd’hui près de 8000 collaborateurs, répartis dans 11 pays. Par la voix de son PDG Guy Sidos, le cimentier a profité de la visite du secrétaire d’Etat pour battre en brèche quelques idées reçues, à commencer par celles concernant l’empreinte économique territoriale de l’industrie cimentière.

Ainsi, le précurseur du ciment a fait valoir son engagement local et développé un schéma d’économie circulaire. Le ciment est en effet un matériau à produire localement : le « rayon d’action » d’une cimenterie pour l’acheminement de ses produits est de 150 kilomètres au mieux. Pour ce qui est du béton, la distance est de 20 kilomètres en moyenne. Produire au plus près des sites d’extraction de matières premières et d’utilisation des produits finis est donc indispensable, d’autant plus que cela permet de limiter les coûts environnementaux induits (du reste, les carrières d’où est extraite la matière première minérale sont réaménagées au fil de l’exploitation de telle sorte à protéger la biodiversité).   

Cette logique de proximité a été poussée plus loin en Isère : la cimenterie de Montalieu s’approvisionne pour partie auprès de la nouvelle carrière de Mépieu. Entre les deux, distantes de quelques kilomètres, le plus long convoyeur d’Europe semi-enterré. Ce dispositif, sorte de tapis roulant pour les produits miniers, permet l’acheminement de 700 tonnes de matériaux par heure, avec un impact limité sur la faune et sur les paysages. Ce convoyeur électrique permet aussi d’éviter les norias de dizaines de camions entre la carrière et la cimenterie. 

Jean-Vincent Placé en visite chez Vicat, en Isère
Jean-Vincent Placé en visite chez Vicat, en Isère

Consommer et recycler local

De la même manière, afin de préserver la santé des riverains, les cimenteries s’évertuent à limiter l’ensemble des impacts environnementaux (filtrations des poussières, diminution des rejets de CO2 et de dioxyde de soufre…), tout en améliorant l’intégration paysagère des sites industriels.

Des efforts conséquents sont aussi portés sur les approvisionnements au sens large. Dans une logique d’économie circulaire, la cimenterie de Montalieu est un outil industriel permettant de valoriser des matières premières issues de déchets rigoureusement sélectionnés, comme les terres excavées de chantiers de construction ou de démolition, les sables de fonderies, ou des gravats préalablement triés. Les sources de matières premières ont ainsi été diversifiées pour limiter le recours à de nouvelles carrières ou prolonger l’usage de celles existantes.

Du côté de la consommation d’énergie, des efforts considérables ont également été entrepris. En effet, 60% de celle-ci ont pour origine des combustibles de substitution permettant la valorisation énergétique de déchets issus de biomasse, tels que les sciures de bois, les résidus industriels, les pneus ou encore les produits issus de tri d’encombrants en déchetterie. Des approvisionnements qui, en outre, sont eux aussi départementaux, voire régionaux.   

Notons que l’industrie cimentière s’était précocement engagée sur le terrain du développement durable en étant signataire, dès 1996, d’une charte de l’environnement. On estime aujourd’hui que près d’un million de tonnes de déchets par an sont ainsi valorisés par l’industrie cimentière, principalement en remplacement des combustibles fossiles (coke de pétrole, charbon ou encore fioul lourd). Au début du mois de janvier, la filière poursuivait son engagement en réunissant industriels, parties prenantes et pouvoirs publics autour d’un projet de « Green Deal » visant « à accroître la valorisation énergétique de déchets biomasse issus de la démolition et des chantiers qui n’ont pu faire l’objet d’un recyclage, et à augmenter la capacité de traitement des déchets énergétiques en cimenterie, notamment par la réalisation d’investissements permettant leur traitement. »

Le béton, matériau durable d’avenir ?

Les préoccupations environnementales ne s’arrêtent pas aux portes des sites de production. C’est aussi le sens de la visite de Jean-Vincent Placé : mettre en valeur les produits finis, qu’il s’agisse du béton prêt à l’emploi ou de produits préfabriqués en béton, qui ont toute leur place dans les logiques de construction durable.

C’est en effet une réalité technique : les qualités du béton en font un best-of-class de la construction sur bien des aspects. Si le ciment et le béton font figure de repoussoirs lorsque sont évoqués les matériaux de l’habitat durable, c’est essentiellement parce qu’ils sont associés dans l’imaginaire collectif, soit aux pratiques d’urbanisme anarchiques qui ont foisonné par exemple sur la Côte d’Azur, qualifiées de « bétonnage des côtes », soit aux barres HLM des banlieues grises construites dans les années 1960 et 1970. On est ici bien loin de l’esthétisme urbain désormais revendiqué par des architectes de renom tels que Giovanni Lelli ou encore Rudy Ricciotti, tous deux passionnés de béton. On est aussi à mille lieux des bâtiments récemment construits en béton et certifiés HQE, à l’instar du siège régional de Safran à Toulouse ou du lycée Victor Hugo, à Lunel, alliant isolation thermique et aménagement paysager d’intérieur.


Preuve, si besoin en était, de la respectabilité environnementale du béton, l’ADEME elle-même avait plébiscité en 2008 une solution utilisant « l’inertie des bétons » dans la construction de son nouveau siège social d’Angers, logiquement estampillé des certifications HQE, THPE et BBC. Techniquement, le béton est donc un matériau peu onéreux, à la durée de vie importante, d’une souplesse d’emploi inégalée, étanche, résistant au feu et aux contraintes mécaniques, et un excellent isolant thermique et phonique. Mais c’est aussi, on tend à l’oublier, un matériau naturel et 100% recyclable : bien que « transformé », il est considéré comme « roche composite ». C’est aussi un matériau sain : il résiste naturellement aux mousses, aux moisissures et aux insectes sans traitement chimique de surface.

Les méthodes d’optimisation, employées sur les sites industriels du groupe Vicat, en attestent : la production du béton peut donc s’inscrire dans un cadre de développement durable, d’autant plus que le matériau en lui-même ne manque pas de qualités intrinsèques. Si le terme « bétonner » est encore utilisé parfois de façon péjorative, c’est oublier un peu vite qu’il constituera pour très longtemps encore les fondements, au sens propre comme au sens figuré, de nos modes de construction, habitations durables comprises. 






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