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Les liens entre RSE et rentabilité sont discutables

29/04/2015



Dans un article publié par le journal Le Monde le spécialiste du management et de la stratégie Jérôme Barthélémy revient sur le lien entre la RSE et la rentabilité. Selon lui, les résultats des études varient trop pour qu’une réponse simple soit satisfaisante.



Les liens entre RSE et rentabilité sont discutables
Professeurs de stratégie et de management à l’ESSEC, Jérôme Barthélémy a publié un article dans le journal Le Monde qui fait le point sur la relation entre la responsabilité sociale des entreprises (RSE) et la rentabilité financière. Si cet article mérite d’être lu, c’est surtout parce qu’il décortique la question et laisse percevoir la nécessité de ne pas transformer la RSE en concept militant.
 
« Le problème est que les résultats varient fortement d’une étude à l’autre. Dans certains cas, la relation est positive. Dans d’autres cas, elle est neutre, voire négative. Comment expliquer ce phénomène surprenant ? » s’interroge le spécialise en début d’article. En effet, lit-on plus loin, les résultats peuvent être diamétralement opposés selon que les études ont été publiées dans des publications spécialisées dans l’éthique ou les revues économiques.

Pour une approche non militante

Jérôme Barthélémy souligne la méfiance des économistes vis-à-vis du concept de responsabilité : « Pour eux, elle a obligatoirement une incidence négative sur la rentabilité des entreprises. Les revues d’économie, de finance et de comptabilité ont donc tendance à publier des études montrant que la relation entre la RSE et la performance financière est négative ou faiblement positive (dans le meilleur des cas). »

Alors que les spécialistes d’éthiques parlent d’un cercle vertueux : « plus une entreprise investit dans la RSE, plus sa rentabilité s’améliorera et plus elle pourra investir dans la RSE. Les revues spécialisées dans l’éthique publient donc en priorité des études montrant l’existence d’une relation fortement positive entre la RSE et la performance financière. »

Prêchant pour sa paroisse, ce professeur de management affirme que : « Les chercheurs en management ont une opinion moins tranchée que les économistes et les spécialistes de l’éthique et de la RSE. Contrairement aux économistes, ils ne rejettent pas systématiquement l’idée selon laquelle un comportement socialement responsable permet d’améliorer la rentabilité. Ils n’ont pas non plus les convictions pro-RSE des spécialistes de l’éthique et de la RSE. Par conséquent, les résultats des études publiées dans les revues de management sont les plus nuancés. » S’il n’est pas question ici de commenter la conclusion de Jérôme Barthélémy, il semble cependant que son article souligne un point central dans le développement de la RSE.

L’émergence d’une vision idéologique pro RSE qui voit en ce concept un risque même, à long terme de faire reculer ce principe. En effet, un engagement RSE ne peut être motivé uniquement par la rentabilité mais, sans oublier le but premier d’une entreprise, faire entrer un certain nombre de critères plus humains : le sens, l’engagement, la réputation, l’identité d’entreprise. Autant de domaines valorisant à moyen et long terme pour l’entreprise qui fait entrer d’autres principes que la rentabilité dans la colonne des réussites.

Lire ici l’article de Jérôme Barthélémy en intégralité  sur Le Monde.fr







1.Posté par CALVO Constant le 29/04/2015 12:03
Il y aurait beaucoup à dire sur l'affirmation selon laquelle les liens entre RSE et rentabilité sont discutables. D'une part, parce que les études d'experts - je ne parle pas de sondages - qui prouvent le contraire sont légion, et, d'autre part, parce qu'il y a mille et une raisons pour lesquelles les entreprises et leurs dirigeants ne veulent pas l'admettre ou feignent de ne pas l'admettre. Ne soyons pas dupes.

2.Posté par leroux-lefebvre le 29/04/2015 20:01
Pour compléter le commentaire de Constant, et sans prêcher pour aucune des deux théories, dans un souci d’’impartialité des études l’éthique ou financière, Il est évident depuis déjà quelques années qu’il existe une rentabilité de la RSE.
Cette rentabilité ; contre balancée par des coûts pour les financiers ou par des opportunités pour les déontologues existe sur la base de résultats tangibles et d’amélioration des mêmes ratios qui indique la bonne ou mauvaise santé de nos entreprises.
La question reste dans la mesure de l’application de la RSE, et dans les champs que l’on veut bien lui faire recouvrir, et, de convenir que suivant le simple vernis ou une stratégie qui est inscrite dans les gènes du dirigeant, la RSE est vecteur d’opportunités qui se traduisent par un accroissement de la rentabilité.

“Donnez-moi un point d’appui, ... ... et je soulèverai le monde.” ` Archimède

3.Posté par Bertrand DESMIER le 30/04/2015 15:34
Voir dans la RSE un obstacle à la rentabilité des entreprises, c'est s'inscrire dans une vision court-termiste de l'entreprise et par là même de sa rentabilité. Est-ce pertinent ? La RSE, intégrée dans l'entreprise, est un véritable levier de performance gloabale et durable ; la montée en puissance du reporting extra-financier et l'émergence du reporting intégré en sont deux illustrations. Une corrélation plus fréquente du financier et de l'extra-financier (même si tout n'est pas forcément monnayable) , construite sur une approche sérieuse de la matérialité, permettrait certainement de faire tomber les résistances. La RSE est encore trop souvent circonscrite au "nice to have" ou à la seule conformité. Face à cette frilosité et à l'occasion de la transposition de la directive européenne dans notre droit, on sent bien que certaines parties prenantes souhaiteraient renforcer le caractère obligatoire et exhaustif de la RSE. Ne faut-il pas au contraire encourager le capitalisme responsable, avec la publication de données et d'informations vraiment pertinentes, transparentes, fiables et vérifiables ?

4.Posté par BOURDIL Patrick le 06/05/2015 16:52
En fait, les actions qui favorisent le développement durable d'une activité sont par définition rentables. En effet, elles s'inscrivent dans le respect des Hommes (qui produisent le travail quotidien), des règles économiques et de l'environnement (matières premières, ressources naturelles, énergies, etc). Comment pourraient-elles ne pas être rentables sur le moyen et long terme ? Le vrai débat porte sur deux notions que les économistes comme les déontologues ont parfois tendance à ‘fusionner’. La RSE a-t-elle un lien avec la valeur immatérielle de l'entreprise ? Quand je mets en œuvre une crèche d'entreprise pour les jeunes parents cela augmente-t-il la valeur de ma boite ? Pour rappel, la RSE est ce que je fais, mes immatériels c'est ce que j'ai. AGIR ou AVOIR. Je peux agir et me tromper et cela n'aura aucun effet sur ce que j'ai. Mais ce que j'ai ne pourra pas se développer si je n'agis pas d’une certaine manière. Après plus de 100 mission de mesure de la performance économique de la RSE, dans des secteurs très variés, je peux vous affirmer que quand l’action est le fruit d’une réflexion de bon sens alors elle a un impact positif sur ce que je possède et donc sur la valeur de mon entreprise.
Ceci dit, je suis d'accord sur le fait que tout propos militant sur la RSE est totalement contreproductif. La RSE est trop sérieuse pour lui faire dire n'importe quoi ! Bien à vous. Patrick

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