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Le don d'organe en France, encore tabou ?

28/06/2012



Depuis peu, la Belgique a autorisé le prélèvement d'organe sur les personnes ayant obtenu le droit au suicide médicalement assisté. Elle a donc levé un tabou, mais cela ne veut pas dire que cette pratique va se répandre dans les autres pays et encore moins en France, où le flou sur le prélèvement d’organe reste de rigueur. Toutefois, des initiatives ont été prises pour satisfaire au mieux la demande de greffe.



Le don d'organe en France, encore tabou ?

Les pays sont en manque d'organes

Dans la plupart des pays développés, la médecine permet aujourd'hui de sauver d’innombrables vies grâce aux greffes d'organes. Cependant, les législations en vigueur entraînent une pénurie, car le prélèvement sur personne vivante ou décédée porte atteinte à la bioéthique. Ainsi, il est de plus en plus difficile de répondre aux demandes de greffes, et beaucoup de personnes décèdent, faute d'avoir trouvé un donneur. Pour remédier à cette situation, les pays cherchent, non sans difficulté, des solutions éthiquement acceptables. Sachant que les trois grands principes de la bioéthique sont : l'anonymat, la gratuité et le consentement,  il est difficile de réunir ces trois fondements pour décider un prélèvement post mortem. En effet, sans certitude sur le désir de la personne décédée, de faire don de ses organes, c’est vers les familles que se tournent les médecins. Et comme ces dernières ne sont pas plus informées, elles refusent majoritairement. Il y a donc un énorme manque d’information, et notamment en France.

Le don d’organe en France

Selon une récente enquête de « OpinionWay » pour le compte de la fondation Greffe de vie, les Français manquent cruellement d'information en matière de don d'organe. Or, il apparaît que bon nombre d'entre eux seraient favorables à un prélèvement post mortem. Le problème, c’est qu’ils ignorent les procédures qu’il faut suivre pour manifester leur volonté, ce qui oblige les médecins à se tourner vers les familles. Une meilleure connaissance en matière de dons d'organe pourrait donc abaisser le taux de refus de 30 % à 15 %, ce qui permettrait de couvrir la demande de greffe. Sachant cela, à l'occasion de la onzième journée nationale de réflexion sur le don d'organe, la secrétaire d'État chargée de la santé a ordonné que les conditions d'information et d'accueil dans les établissements de santé soient améliorées en faveur des familles. Cela permettra de faciliter leur décision dans un premier temps, mais ne serait-il pas mieux de connaître les souhaits d'une personne avant qu'elle ne décède ? Certes, mais encore faut-il faire tomber le tabou.

En France, le don d'organe reste tabou

Plus d'information pour faciliter la décision des familles, c'est bien, mais cela ne suffit pas à résoudre le problème de pénurie d'organes. Alors que des pays comme la Grande-Bretagne ont opté pour un référencement des donneurs potentiels, à travers un questionnaire obligatoire pour toute personne passant son permis de conduire, la France reste paralysée par son point de vue et sa législation. Les autorités gouvernementales et sanitaires refusent de modifier le cadre législatif actuel en proposant ouvertement à chaque citoyen de manifester ses souhaits dans ce domaine, et d'un point de vue purement législatif, tout reste flou. La loi Caillavet du 22 décembre 1976 dit en effet que toute personne peut subir un prélèvement post mortem, à moins qu'elle n'ait manifesté un refus de son vivant. Cependant, très peu de personnes l’ont fait, ne sachant pas qu'un registre national a été créé à cet effet. Ainsi, la présomption de refus reste trop forte et le recours à l'autorisation de la famille demeure obligatoire. La prochaine loi sur la bioéthique n'approfondira pas davantage le sujet et devrait donc entretenir le tabou.





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