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Interview de Philippe Grillot

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03/12/2010



Philippe Grillot est sur tous les fronts. Chef d’entreprise de carrière, il est également fortement impliqué dans la gouvernance économique : ancien Président du tribunal de commerce de Lyon, il est aujourd'hui Président de TLF (Transport et Logistique de France) et du GITL (Groupement Interprofessionnel du Transport et de la Logistique). A l’issue des états généraux du transport routier, il a accepté de répondre à nos questions sur les motivations qui expliquent un tel investissement personnel, et sur sa conception de l’engagement.




Interview de Philippe Grillot

Philippe Grillot: "Les notions d’engagement et de gouvernance sont indissociables des exigences d’éthique et de transparence"


Philippe Grillot, on vous décrit comme « l’homme de tous les combats ». Comment s’est traduit votre engagement au cours de votre carrière ?

Philippe Grillot : Je suis autodidacte. A mes débuts, j’avais besoin de partager mes projets, mais aussi mes doutes. J’ai donc rejoint le Centre des Jeunes Dirigeants, et j’y ai rencontré des chefs d’entreprise qui discutaient de valeurs humaines et sociétales, pas seulement de fiscalité ou de politique. J’ai donc été conforté dans l’idée qu’on pouvait être chef d’entreprise et contribuer au progrès à sa manière, contrairement aux idées reçues, et j’y ai travaillé sans cesse dans ma propre entreprise, EM2S. Mon engagement patronal s’est aussi poursuivi auprès de la CGPME. Plus récemment, j’ai été élu Président de la fédération TLF et du GITL (Groupement Interprofessionnel du Transport et de la Logistique).

Mais l’expérience la plus instructive de mon parcours fut sans doute mon mandat de Président du tribunal de commerce de Lyon, pendant quatre ans. Derrière chaque entreprise en difficulté, chaque bilan comptable, il y a des hommes, parfois des projets de vie. Les décisions d’une juridiction commerciale sont parfois lourdes de conséquences, il faut donc savoir trancher en son âme et conscience. C’est parfois très délicat.

Comment se traduit concrètement votre vision de l’engagement dans la politique de TLF ?

Philippe Grillot : Notre engagement se décline principalement en trois volets. Le développement durable, d’abord, parce que TLF est la seule fédération à se battre depuis de longues années en faveur du développement du transport multimodal. Le volet social, ensuite, parce que nos adhérents savent que la cohésion sociale dans l’entreprise est un facteur de compétitivité. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles nous avons insisté sur l’urgence d’entamer des négociations salariales, lorsque nous avons initié les états généraux du transport routier avec le secrétaire d’état de l’époque, Dominique Bussereau. Enfin, l’engagement de TLF se traduit au quotidien par la représentation des intérêts de nos entreprises, quitte s’il le faut à interpeller les instances communautaires pour faire valoir leurs intérêts avec détermination.

Vous êtes candidat à la Présidence de la CCI de Lyon. Gouverner une instance consulaire, est-ce différent?

Philippe Grillot : Je connais bien l’économie lyonnaise, et je sais qu’elle est amenée à occuper une place grandissante à l’échelle européenne. Elle est un carrefour d’échanges et une capitale économique. Ma candidature est une forme de continuité de mon engagement, pour trois raisons :
D’abord parce qu’en tant qu’entrepreneur, je sais combien les dirigeants de notre métropole attendent que l’on valorise son attractivité, son rayonnement, et sa pérennité.
Ensuite, parce qu’en tant qu’ancien Président du tribunal de commerce, j’ai été l’interlocuteur de femmes et d’hommes passionnés dont j’ai vu grandir - et pour certains renaître, les projets. Je connais leur immense potentiel, mais j’ai aussi conscience de leurs inquiétudes en cette période de crise.
Enfin, parce que mon expérience à la tête de TLF et du GITL, en matière de représentation et de négociation, m’a fait prendre conscience du fait qu’une volonté d’affirmation collective permettait d’interpeller les pouvoirs publics quant aux difficultés et aux aspirations de nos entreprises.

Certaines rumeurs font état de votre départ de TLF. Dans un démenti, vous avez implicitement dénoncé une forme de déstabilisation. Cela fait-il partie du jeu politique aujourd’hui ?

Philippe Grillot : Il s’agit de rumeurs infondées. Les notions d’engagement et de gouvernance dont nous parlions sont indissociables des exigences d’éthique et de transparence. Vouloir perturber un processus démocratique va à l’encontre des principes qui doivent guider, selon moi, les hommes qui prétendent à des mandats représentatifs. Sans responsabilité morale, comment promouvoir l’intérêt collectif ?



Propos recueillis par A.R. le 3 décembre